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 La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé]

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ex-Epouvantail

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MessageSujet: La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé]   La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé] I_icon_minitimeVen 30 Déc - 18:14

" …et l’aspect le plus subtil, le plus pénétrant de cette absurdité de mouvement écologiste, l’instrument le plus insidieux de son efficacité, ce sont les millions de bannières sous lesquels il se cache. Ces millions d’étendards différents. Il étend son cancer sous des masques dont chacun est conçu pour pervertir et corrompre au nom de la compassion, de la sois-disant défense de l’environnement, du bien, etc… Des organisations aux noms qui sonnent haut et clair, dont tous les américains dignes de ce nom devraient être fiers de faire partie comme la protection des espèces en voie d’extinction, des forêts tropicales. Ce ne sont que des mirages opposés au progrès industriel ! "

Jonathan Crane essayait de se faire une idée du personnage : Dick Ashcroft, ex-homme d’affaire dans le pétrole, ex-homme d’affaire dans les produits chimiques. Depuis près d’une demi-heure il pensait à ça tout en jetant un œil aux autres personnes présentes dans le bureau de la direction de la grande usine Axis Chemicals. Fleuron de l’industrie intensive à Gotham City. Crane avait cru au départ qu’Ashcroft était un respectable lobbyiste de l’industrie lourde, mais non, c’était un cinglé. Crane en savait quelque chose il avait été psychiatre. On ne savait jamais si dans ses invectives féroces pour la défense de la modernité et du progrès technologique face à l’écologie il allait hurler ou murmurer. Le chef de la sécurité d’Axis Chemicals qui fumait à la chaîne semblait apprécier son numéro. Trevor Axis le PDG de l’usine en personne ne cessait de regarder sa montre et son chef de la sécurité, craignant que celui-ci ne fasse tomber des cendres sur la nouvelle moquette de son bureau. Quand à Crane, il était assis aussi loin possible d’eux. Il était physiquement la plus frêle des personnes présentes.

Ashcroft arpentait la pièce en gesticulant comme s’il faisait un discours épique à 300 personnes et non à 3…

" …nous avons tous pu constater de près le ressentiment exploités par les écologistes à cause de la pollution de notre ville. Ils exploitent le ressentiment de la population dans le seul but de s’en mettre plein les poches ! Leurs attaques se présentent sous forme de discours persuasif, fortement intellectualisé sur les prétendues abus des grandes entreprises par l’exploitation intensives des ressources. Le monde des grandes sociétés est malheureusement victime des verts. Les entreprises qui veulent se garder de la présence des écolos parmi leurs salariés versent un forfait à mes associés et nous filtrons les employés en place afin de vérifier leurs antécédents et mettre à jour d’éventuels liens avec les éco-terroriste, la nouvelle terreur de notre époque. "

" Tout ceci est passionnant, mais ne pourrions-nous pas passer aux choses sérieuses ? Rien à faire de ce qu’ils pensent ou disent, comment on s’en débarrasse ! Comment on les fait déguerpir pour qu’ils cessent de donner de mauvaises idées à mes employés pour qu’ils arrêtent cette grève stupide et reprennent le travail ! "

Trevor Axis venait de parler. Ashcroft rougit, prit sa serviette et sortit une pile de feuilles, 3 liasses distinctes attachées par trombone. Il les tendit aux personnes présentes mais Crane déclina l’offre d’un geste de la tête, avant que le conférencier ne la lui colle dans les bras de force. C’était une déposition qui détaillait noir sur blanc les cancans et ragots d’un piquet de grève. Rapport d’espionnage des gros bras de Trevor Axis, les casseurs de grève. Crane vérifia les noms des signataires et reconnus des noms de criminels qui avaient fait un séjour à Arkham lorsqu’il y pratiquait encore.

" Voici le témoignage édifiant de citoyens patriotes de la ville qui nous serviront devant un jury pour démontrer que ces gens sont dirigés en sous mains par des éco-terroristes aux visées fanatiques ! "

Crane leva la main, Ashcroft lui dit :

" Oui docteur Crane une question ? "

" Non, une déclaration, l’un des signataires est un criminel qui a 2 condamnations pour viol et détournement de mineures. "

" Et alors ? Quelle importance ? "

" Euh… Merci Ashcroft, ce sera tout pour aujourd’hui, nous reprendrons demain. "

Et Trevor Axis donna le signal du lever de siège d’un doigt en l’air comme à l’accoutumé. Son chef de la sécurité bondit pratiquement sur ses pieds comme un chien de garde. Il raccompagna l’anti-écolo hors du bureau de son patron tout en s’esclaffant et en lui malaxant les épaules car il fulminait contre Crane. Axis se tourna vers l’ex-psychiatre et lui dit :

" Les lobbyistes fanatiques sont efficaces mais toujours fatiguant. Ashcroft est doué, mais il ne sait jamais à quel moment il doit arrêter son numéro. 500 dollars par conférence, c’est ce qu’il ramasse pour contrer toutes les grandes causes écologiques dès qu’une entreprise comme la mienne a besoin de ses services pour dénigrer les verts devant la presse. "

Axis ouvrit un tiroir et posa sur son bureau une photo de Pamela Isley en train d’haranguer ses ouvriers.

" La tête pensante du mouvement, la reine verte comme la surnomme mes associés. Mes espions l’ont décrit comme trop brillante. La moitié de mes employés ont envie de coucher avec cette garce. Certains d’entre eux semblent même la vénérer. Il faut la dégommer elle ! C’est elle qui tient les durs de cette grève sous sa coupe. Le pire c’est qu’elle agit comme une séductrice éhontée avec tous les ouvriers en chaleur ou en rut de la zone industrielle de Gotham, mais ils sont tellement sous son charme qu’aucun d’entre eux n’a osé lui donner une réputation de Marie-couche-toi-là. Comment fait-elle pour inspirer la loyauté à des machinistes machos comme c’est pas permit ? Vous avez une idée Crane ? "

" Entre nous Mr Axis, vous pouvez me le dire franchement, auriez-vous peur des femmes ? Voyez-vous, la peur est ma grande spécialité. "

Le grand patron rigola et s’alluma un gros cigare, il en attrapa une belle poignée dans sa boîte en érable et fondit sur l’ex-psychiatre au moment où il se mettait debout, il lui serra la main et fourra ses cigares dans toutes les poches disponibles sur Crane avant de le raccompagner jusqu’à la porte avec force grande tapes dans le dos.

" Docteur, je compte sur vous pour calmer cette bande de gréviste avec vos talents en chimie, après tout c’est pour ça que je vous ai recruté en tant que consultant extérieur. "

Peu après

Crane se trouvait dans la salle de bain d’un motel miteux juste à côté de l’usine Axis Chemicals. Il se regarda dans le miroir, il avait une salle tête. Trop maigre et trop ravagé. Il prit un verre à dent mélangea dedans une capsule d’opium et un comprimé de valium écrasé. Il remua le tout avec le manche d’une brosse à dent et l’avala d’un trait. L’effet se fit sentir au milieu de son torse et remonta peu à peu vers sa tête. Il prit appui sur le rebord du lavabo et scruta le miroir.

Il passa dans le salon, les casseurs de grève étaient présents. Revue des effectifs : 6 hommes de mains de Falcone qui se faisaient un extra et 8 flics corrompus qui n’étaient pas en service. Sur le plancher en plein milieu de la pièce : une grosse malle au contenu nocif (concocté dans le labo de Crane). Les gros durs fumaient comme des pompiers. Le salon était envahi de tourbillons de fumées.

" Des amphétamines, des hallucinogènes et de l’héroïne. Vous dealez ça aux ouvriers d’Axis à prix cassé pour qu’ils achètent, en veillant bien à ce qu’il n’y ait pas de journalistes dans les parages au moment où vous le faîte. Il y a aussi pleins de pièces à convictions à placer aux bons endroits pour les incriminer. Dans cette malle vous avez de quoi constater une cinquantaine de délits. Vous allez tous faire payer à la reine verte le fait qu’elle ait choisit Gotham City pour faire son cirque. "

Quelques flics applaudirent, quelques malfrats sifflèrent. Crane passa la photo de Pamela Isley en leader écolo face à la foule à un gros bras musclé jusqu’au coup qui fit craquer ses jointures.

" C’est là qu’elle se trouve, on dirait qu’elle se cache de personne comme si elle avait envie que tout le monde sache où elle est. "

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Pamela Isley/Poison Ivy

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MessageSujet: Re: La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé]   La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé] I_icon_minitimeMar 3 Jan - 9:53

Tout en se grattant l'arrête du nez avec application, l'homme en chemise à carreaux bleus et noirs parcourut à nouveau le tract qu'on lui avait soumis, et ce pour la cinquième fois. S'étant levé de sa chaise suite à sa première lecture, le délégué syndicale se trouvait à présent debout, bien campé sur ses deux jambes recouvertes d'un pantalon de couleur crème retenu par une solide ceinture de cuir. Ses petits yeux gris, épargnés par la myopie affligeant la plupart des lecteurs assidus, exécutaient un va-et-vient à haute fréquence tandis que leur propriétaire s'efforçait de mener sa tâche à bien, résistant à l'envie qui le démangeait fortement de chiffonner le morceau de papier (recyclé, naturellement) pour le jeter au visage de la militante aux cheveux roux. S'attardant plus particulièrement sur un passage assurant que "depuis qu'Axis Chemicals s'était mise à utiliser sa nouvelle méthode de synthèse par distillation fractionnée, aucun de ses employés n'avait dépassé les cinquante-six ans. La faute en revenait aux vapeurs dégagées par la méthode de production, responsable de cancers pulmonaires et des voies aérodigestives supérieures." Souriant un bref instant, le lecteur considéra le fait qu'il était à deux mois de son soixantième anniversaire d'un œil nouveau.

« Et c'est pour me faire lire ce... Document que vous m'avez harcelé pendant trois jours, mademoiselle ? »

- Oui, tout à fait. Lui répondit du tac-au-tac Pamela avec un sourire ravi, serrant contre elle une pile épaisse de tracts n'attendant que d'être distribués.

La militante avait mis en branle son plan pour empêcher la pollution de nuire à Gotham un peu plus de trois semaines auparavant. Stimulée par son alter-ego criminelle ne connaissant pas de limites à ses aspirations écologiques, elle s'était timidement mise en relation avec des ouvriers des industries Axis, amenant ses derniers à adopter son point de vue artificiellement. Une fois une cohorte d'une vingtaine de militants convaincus créée, la plantureuse manipulatrice avait enclenché la phase deux de son plan, en envoûtant par de fréquents baisers des leaders syndicalistes fermement opposés à la politique de marche forcée de Trevor Axis. Elle rentabilisa ainsi largement plus son temps de travail, puisqu'un mâle soumis à sa volonté ne lui apportait plus un, mais des dizaines de nouveaux adhérents. Ce travail de sape s'installa sur plus d'une semaine, le temps d'organiser les rencontres avec les délégués, de réduire à néant le libre-arbitre de ces derniers par assauts chimiques, et ce en prenant garde de ne pas attirer l'attention plus que nécessaire. Pamela devait demeurer une laborantine anonyme qui, pour des raisons ignorées de tous, connaissait un certain succès auprès des ouvriers d'Axis Chemicals.

Enfin vint le temps des manifestations et des luttes sociales pour la défense de la mère nourricière. Telle une bergère guidant son troupeau, la fanatique de botanique se fit connaître de la presse ainsi que du grand publique en orchestrant plusieurs mouvements sociaux devant les grilles d'entrée de l'industrie polluante numéro un de Gotham City. En parallèle fut imprimée une quantité non-négligeable de tracts visant à alerter la population sur les crimes odieux perpétrés en toute connaissance de cause par des responsables d'usines Axis. Ivy, sous les traits d'une simple jeune femme moyennement attirante, disposait désormais d'un effectif très satisfaisant et déterminé à reprendre mot pour mot ses arguments durant des heures. Ses militants écologistes constituait une armée tellement fournie et dissuasive dans son organisation qu'elle inquiétant même aujourd'hui l'inébranlable Trevor Axis.


* La victoire est proche, je le sens ! * Se réjouit l'éco-terroriste galvanisée par trois mois de fructueuse campagne de recrutement.

Son hôte, mettant de la distance entre le tract et sa personne en allongeant le bras, déposa le bout de papier recyclé sur la vieille table en bois de sa salle à manger. Le visage plissé par une moue réaliste, il hocha négativement la tête, avant d'enfoncer son refus d'un ton fatigué, mais sans réplique.


« Écoutez... J'ai énormément de respect pour vous. Si si, vraiment ! Assura-t-il en voyant son interlocutrice lever les yeux au ciel. Parvenir à monter, en partant de rien, une association comptant plus de cent militants écologistes en moins d'un mois, ça tenait déjà de l'anecdote régionale. Alors en plus, le faire ici, à Gotham, ça relèverait presque du miracle ! J'avoue ne toujours pas savoir comment vous vous y êtes prise pour atteindre ce succès, et je parle en connaissance de cause... Mais enfin, reconnaissez que là, vous tentez le Diable. Que vous exigiez la fermeture des usines Axis, personne ne vous en empêche. Mais demander à tous les syndicats de cette ville de vous rejoindre dans un mouvement de grève généralisée, ça, c'est complètement démesuré. Personne ne vous suivra dans votre folie. »

- Et pourquoi ça ? Interrogea la visiteuse aux yeux verts d'une voix aigre, fronçant les paupières de dégoût devant la lâcheté évidente du cinquantenaire.

- Je devine que vous n'êtes d'ici, mademoiselle, pour poser de telles questions... L'homme au crâne fortement dégarni agita les restes de sa chevelure blonde, avant de tourner le dos à sa vis-à-vis pour se verser une deuxième tasse de café.

- Et donc ? Voyez-vous, Gilbert...

- Gideon. La reprit le représentant des employés du zoo de Gotham en grimaçant après la première gorgée. Le café était tiède.

- ... Gideon... Je suis pour ma part intimement persuadée que tout un chacun dans cette ville aspire à vivre dans un environnement plus sain et respirable. Par conséquent, je considère comme un devoir civique et prioritaire de participer à un mouvement social de grand ampleur (a fortiori lorsqu'il est conduit avec sérieux) manifestant en ce sens. Je n'ai peut-être pas grandi à Gotham, mais je connais le mal qui la ronge depuis des années. Ensemble, nous pourrions y mettre un terme, définitivement ! Promit Pamela avec ferveur, le regard lumineux et ses mains fines, paumes ouvertes, tournées vers le plafond.

Gideon Merchant pouffa devant l'air illuminé de cette rousse, visiblement inconsciente et naïve au possible. En faisant lentement tournoyer le liquide noir contenu dans sa tasse, le vétéran se demanda songeusement comment une telle folle s'était débrouillée pour convaincre autant d'individus sains d'esprits de la suivre dans sa quête insensée. Bénévole dans l'âme, il s'assit, posa sa tasseà proximité, et, utilisant le ton réservé aux enfants particulièrement lents à la détente, expliqua en s'aidant de ses mains :


« Là n'est pas la question, mademoiselle. Je ne nie pas que nous aurions énormément à gagner en fermant ces usines de malheur, mais Diable ! Croyiez-vous honnêtement être la première à y avoir songé ? Axis Chemicals déverse ses déchets toxiques depuis des années dans la Gotham River, des décennies. Avant vous, d'autres se sont élevés contre de telles pratiques. Mais nous ne vivons pas dans un monde idéal où les justes sont récompensés pour leurs actes de bravoure, Miss Isley. Ces militants, Trevor Axis les a soudoyés, menacés, torturés ou éliminés, selon ce qui marchait le mieux, et ce sans que la police ne vienne s'en mêler une seule fois. A force de finir à nourrir les poissons ou portés disparus, les écologistes ont fini par baisser les bras. De nos jours, vous en retrouverez une bonne partie chez eux, à cuver leur vin.
Aussi, vous comprendrez que je ne prendrai pas le risque de m'ériger personnellement contre un tel personnage, ni de mettre en danger tous les employés du zoo qui m'ont élu comme délégué en associant notre syndicat à votre mouvement. Tout ce que je puis faire actuellement, c'est vous souhaiter bon courage.
 »

Gideon ponctua son intervention d'une longue gorgée de caféine, qu'il aspira volontairement bruyamment. Ignorant superbement le regard courroucée de la jeune femme en longue jupe, il fit mine de focaliser son attention sur un tableau encadré derrière Isley, détaillant en réalité l'allure de cette dernière, à qui l'on prêtait un nombre impressionnant d'admirateurs au sein de son association. Les pieds chaussés de ballerines ternies et dépourvues de charme, sa jupe aux couleurs fades restait toutefois plus agréable à admirer que son haut, un gilet pelucheux couleur moutarde recouvrant une tunique informe d'un vert bouteille. La militante n'arborait ni boucles d'oreilles, ni collier, et sa montre devait faire office de cadeau aux nouveaux adhérents de "Botanic & You". Jusque là, rien de particulièrement attirant. Si l'on se bornait à examiner son faciès, il est vrai que cette laborantine aurait pu paraître séduisante, si elle avait voulu ôter les épaisses lunettes reposant sur son nez prompt à frousser, et si ses lèvres souriaient plus souvent. Soupçonnant la nouvelle génération masculine de développer d'étranges préférences en matière de partenaire, le syndicaliste aux yeux gris renifla en considérant d'un air étonné la rousse, qui n'avait pas encore amorcé le moindre geste. Pourtant de ce qui lui semblait, sa dernière diatribe laissait clairement entendre que la discussion était finie, idem pour la rencontre.

«  Vous vouliez ajouter quelque-chose ? » S'enquit-il par politesse en voyant son interlocutrice soupirer tandis qu'elle farfouillait dans les profondeur de son sac à main.

- Non non... Vous avez été parfaitement clair, Monsieur Merchant. Assura Ivy, avant de vaporiser un jet concentré de phéromones en direction de sa nouvelle victime.

ƷƱƸ

En quittant l'appartement de Gideon Merchant, Pamela savoura la montée en son sein d'un diffus sentiment de réussite. Descendant une volée de marche en prenant garde à ne pas se faire piéger par les dalles glissantes, elle embrasse du regard la rue bondée de passants marchants l'échine courbée, et entreprit d'inscrire une rapide croix dans son carnet, en face du nom du responsable syndical calvitié. Avec ce dernier, cela portait à sept le nombre d'organismes dont les membres se joindraient "spontanément" aux ouvriers d'Axis Chemicals pour la grève générale qui avait été prévue pour dans deux jours. Inclinant sa tête sur le côté, la manipulatrice à lunettes considéra avec indifférence que pas un ne se serait porté volontaire sans l'aide de l'aphrodisiaque.


* Nous vivons une époque bien triste. * Considéra nonchalamment la biologiste en hélant un taxi d'une voix forte, commandant à ce dernier de la déposer en face du siège de son ennemi. Avec un rictus supérieur, l'Empoisonneuse se fit la remarque que, après tout, rien ne l'obligeait à payer cette course. Ses finances n'étaient déjà pas mirobolantes, alors pourquoi dépenser là où il lui suffisait de se faire offrir la ballade par son gentil chauffeur ?

* Parfait ! Tout se déroule comme prévu. D'ici après-demain, ce cher Trevor aura près de quatre cents manifestants aux portes de son usine, tous scandant la fermeture de ses fabriques de polluants en chaîne. Ce gros balourd a beau ne vouloir en faire qu'à sa tête, force lui sera de plier en découvrant la mobilisation que j'aurai récolté par mes appels à la grève générale. Les médias s'intéresseront à l'affaire, et les crimes de cet odieux industriel pourront enfin être dévoilés au grand jour ! Puis il chutera, sera voué aux gémonies, s'effondrera et subira le sort que la Nature réserve aux monstres de son espèce : la Mort. * Décida sentencieusement la belle plante en croisant les jambes, laissant son attention dériver tandis qu'un sourire confiant s'étalait paresseusement sur sa bouche délicate. Le conducteur du taxi, tout à sa tâche, ne remarqua pas le rictus prédateur de sa passagère.

Il fallut d'ailleurs toute l'adresse de l'homme pour ne pas envoyer sous ses roues l'un des nombreux ouvriers grévistes déambulant devant le blocus installé à l'entrée principale. Par groupes de cinq ou six, ces derniers discutaient, cigarette à la main, ou plaisantaient en riant grassement, des pancartes grossièrement faites reposant contre leur épaule. Sortant gracieusement du véhicule (en oubliant d'envoûter le conducteur), la Reine verte fut presque aussitôt rejointe par deux hommes, qui lui sourirent béatement avant qu'elle ne les renvoie à leur poste à coups de douces imprécations.


* C'est là la contrepartie d'une foule d'admirateurs : à chacune de mes arrivée, il s'en trouve un ou deux pour venir me courtiser. Heureusement que tous ne sont pas aussi insistants... Ces babouins écervelés en chaleur ! Ils sont trop heureux de ne plus avoir à penser par eux-même pour essayer de résister à mon influence. Et c'est très bien comme ça... * Songea intérieurement la leader en saluant d'un air faussement enjoué chaque adhérent qu'elle croisait. Son trajet l'amena droit sous une tente où se réunissait les moins stupides des grévistes, aisément reconnaissables : tous avaient la quarantaine passée, une silhouette avachie et un gobelet de vin à la main. A l'accoutumée, tout du moins.

* Qu'est-ce que... Ne me dites pas qu'ils... Non mais je rêve ! * S'insurgea la spécialiste des toxines en avisant le petit sachet plastifié qu'un ouvrier à la moustache en guidon de vélo venait de refermer prestement.

Furieuse, la jeune rousse allongea le pas, cheveux aux vent. Ses yeux émeraude lancèrent des éclairs, et pas un des hommes lui faisant face ne parvint à retenir un frisson à cette inquiétante vision. Les quatre employés reculèrent, rentrant la tête dans les épaules en affichant un visage de coupable prit en flagrant délit. L'un d'eux avait encore sa pilule d'amphétamine à la main. C'est à ce moment qu'Ivy nota que l'attroupement paraissait plus vide, aujourd'hui. Mains sur les haches, elle interrogea, furibonde:


«  Non mais dites-moi que je rêve ! Comment osez-vous vous enfiler de la drogue durant votre blocus ? Vous n'en aviez pas déjà assez, d'avaler des litres de vinasse du soir au matin ? Je vous signale, au cas où vous l'auriez oublié, que vous me représentez moi, ici. En mon absence, c'est à vous de prendre les bonnes décisions. Et voilà que je vous retrouve, à gober des stupéfiants comme des bonbons, le crâne probablement par-ailleurs embrumé par les vapeurs d'alcool. Vous prétendez manifester en faveur d'une planète plus propre ? Et combien de tonnes de déchets toxiques croyez-vous que ces choses déversent chaque année dans nos égouts ?  » Martela la doctorante en biologie, son index écrasé contre le torse du plus proche consommateur qui eut le souffle coupé par un tel déluge de reproches vitupérantes.

Stimulé par la diatribe, un des fautifs fit un timide pas en avant, exposant sa nuque en braquant son regard humide au sol. Les mains au fond des poches, il confessa d'une toute petite voix :


- C'est Davis, m'dame. Il est venu nous voir en disant qu'il avait réussi à négocier un très bon coup, auprès d'un type qui n'y connaissait visiblement rien. Apparemment, le pigeon s'est fait dévaliser par plusieurs collègues de l'usine, qui ont bien profité de l'ignorance de ce dealer pour se constituer un bon stock de "remontants" pour pas cher. Se cherchant des excuses, le plaignant assura d'un timbre chevrotant : Il faut nous comprendre, aussi ! Tout ce qu'on voulait, c'était se maintenir éveillés pour tenir toute la nuit. On est pas des bêtes ! Et puis, ces petites merveilles, ça vous donne une de ces pêches, c'est hallucinant !

Outrée par de tels propos, la Reine Verte gifla l'inconscient violemment, lequel se mordit la lèvre inférieure pour ne pas crier. Une belle marque rouge de main commençait déjà à se former sur sa joue droite. Les mots s'étranglèrent dans la gorge de Pamela, dont le sang bouillonnait jusqu'à ébullition. Maxillaires contractées, yeux exorbités, iris réduites à deux petits points noirs transperçant quiconque osait les observer, la jeune femme respirait bruyamment par les narines, une colère abyssale obscurcissant son jugement. Impulsivement, elle se prépara à saisir le plus proche objet contondant pour fracasser le crâne des ahuris lui faisant face benoîtement. Eux voyaient des créatures fantasmagoriques aux bras multiples escalader les épaules de la plantureuse biologiste, quand ils n'étaient pas carrément persuadés d'être des champignons géants.

« Les flics débarquent ! » S'écria une voix, tombant fort à-propos pour chasser le voile rouge aveuglant la criminelle. Se figeant sur place, elle eut un déclic qui lui coupa le souffle. C'était pourtant tellement évident!

* C'est un coup monté ! On a sciemment distribué de la drogue à mes militants avant de prévenir le GCPD pour mettre fin à la grève. * Réalisa Ivy une seconde avant de prendre ses jambes à son cou.

* Si on m'attrape, tout sera fini, et Trevor Axis aura gagné la partie. Il faut que je m'échappe, que j'évite d'être vue pour que mon nom ne soit pas associé à un trafic illicite. *

L'alerte claironnée avait marqué le début d'une débandade aussi chaotique que frénétique parmi les bloqueurs, dont une bonne moitié se savait en infraction flagrante. Courants à qui mieux mieux, la masse grouillante et désorganisée ressemblait à un banc de poissons tournoyant pour échapper au filet d'un chalutier, alors même qu'ils s'y trouvaient prisonniers. Abandonnant le navire sans remord, l'écologiste détala à perdre haleine, apercevant le chauffeur de taxi qui l'attendait de pied ferme, un regard noir indiquant sa volonté de se faire payer la course.

* En voilà un qui tombe très bien. * Pensa la fugitive amusée, dont l'étourderie venait de lui sauver la mise. Le bonhomme, ronchon et vindicatif à souhait, ignorait qu'il aurait dû actuellement se trouver loin de l'usine Axis, dans un état de douce béatitude artificielle. Coupant court aux exigences du professionnel, la férue de botanique promit deux cents dollars à son interlocuteur si ce dernier la déposait chez elle sans délai. Suspicieux, mais rassuré par le ton cajoleur de sa cliente, le chauffeur accepta la proposition, non sans avertir sa passagère de ce qu'il adviendrait si par malheur elle se moquait de lui.

Rassurée, l'intrigante à la chevelure de feu s'enfonça dans la banquette arrière de son véhicule, repoussant une mèche folle d'un index nonchalant. Détaillant en premier lieu son reflet dans la vitre sur sa gauche, elle focalisa son regard sur l'extérieur, sur les voitures de patrouilles aux gyrophares allumés et aux sirènes retentissantes vomissant des policiers sur le parvis des usines Axis. Fronçant ses fins sourcils, Pamela reporta son attention sur l'habitacle, ses doigts serrant comme jamais son sac à main. Les prunelles verdoyantes de la demoiselles se figèrent, trahissant la réflexion accaparant l'esprit de la biologiste en jupe. Le chauffeur, gêné par le soudain silence maugréa à voix basse sans chercher à se faire comprendre. Lui-même ignorait de quoi il se plaignait précisément, mais son humeur maussade l'empêchait de dire autre chose.


* C'était bien le moment pour qu'une telle chose se produise ! Non, décidément, le hasard n'explique pas tout. Bon sang ! Mais pourquoi n'ai-je pas davantage insisté sur les dangers d'une consommation excessive de drogue ? Non, en fait, le mieux aurait été que je les surveille. Ces imbéciles sont des enfants qu'il faut materner sans arrêt. Je le sentais bien, c'est en partie de ma faute si tout ça a pu se produire... Mais je n'ai aucun doute sur l'identité du commanditaire de cette machination ! * Fulmina l'éco-terroriste tandis que le taxi longeait Robinson Park à une allure modérée.

* Tout n'est pas perdu, heureusement. Trevor croit m'avoir ôté mes troupes ; mais il n'a eut que des pions. Dans deux jours, la manifestation générale frappera, prenant d'autant plus ce porc plein de graisse par surprise qu'après aujourd'hui, il me pensera vaincue. Et pour ce qui est des drogues, il me suffira de nier en avoir eu connaissance. Invoquer la diffamation, clamer mon innocence, puis sauter à la gorge d'Axis. * [i]Résuma Pamela en reprenant confiance en elle-même, avant de se refaire une petite beauté en prévision de la fin de son trajet.

Se garant devant une rangée d'immeubles grisonnants et peu prestigieux, le conducteur releva son frein à main d'un geste expert, passa au point mort et se retourna pour s'adresser à sa coquette passagère (
* C'est pas un peu de rouge à lèvres qui arrangera les choses. * Nota-t-il en avisant le physique en apparence quelconque de la demoiselle). Cette dernière, profitant de l'absence de méfiance de son serviteur, passa à l'acte sans attendre, prolongeant le baiser juste pour le plaisir d'annihiler toute résistance chez sa proie.

« Et si vous m'offriez la course, afin que je puisse me remettre tranquillement de mes émotions ? » Suggéra-t-elle d'une voix de sirène en calant un doigt caressant sous le menton du pauvre bougre ensorcelé.

Celui-ci hochait encore la tête dans le vide lorsque Pamela jaillit du taxi sans lui accorder le moindre regard, claquant la portière arrière d'un geste significatif. Déterminée à échafauder sa contre-attaque, la rousse pénétra dans le hall de son appartement, montant à la hâte les trois étages la séparant de son chez soi.

Hélas, l'ardente militante écologiste n'avait pas remarqué les silhouettes qui, ayant épié son arrivée depuis sa fenêtre, l'attendaient derrière sa porte.


Dernière édition par Pamela Isley/Poison Ivy le Ven 13 Jan - 16:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé]   La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé] I_icon_minitimeJeu 12 Jan - 18:29

Les deux rangées de manifestants tournaient lentement dans la rue en longeant les entrées des usines sinistres de la zone industrielle. Le mouvement écolo déployait ses pancartes agrafées sur des panneaux de contreplaqué :

Salaire décent pour des journées longues, négociations des contrats maintenant, halte aux fumées toxiques qui tuent le personnel, participation aux bénéfices pour tous les travailleurs, non à la pollution de la ville.

La contre-manif d’Axis Chemicals marchait à leur côté à moins de 3 mètres, avec leurs propres pancartes.

Dehors les verts ! Pas de contrats pour les eco-terroriste qui nuisent à l’économie de la ville.

Les échanges verbaux entre les deux factions ne cessaient pas, toutes les secondes, des « Traître » et « Ordure » jaillissaient suivis d’une vague d’obscénités confuses. De l’autre côté de la rue les journalistes étaient présents, à fumer ou à jouer au rami sur les capots de leurs voitures.

Jonathan Crane observait la manifestation à partir du passage à couvert à l’extérieur des bureaux administratifs du complexe industriel d’Axis Chemicals, 3éme étage, vue de balcon. Il jaugea les adversaires : écologistes contre hommes de mains d’axis. Dans les rangs de ces derniers, on reconnaissait des briseurs de grèves qui bossaient pour Falcone sur les docks, des malabars du crime organisé et des durs piochés parmi les gros-bras des bas-fonds. Les écologistes, c’était de vieux prolétaires, des machinistes qui n’étaient plus de premières jeunesse, des ouvriers jeunes aussi mais décharnés et surtout une femme rousse, la seule, la reine verte.

Une fois les journalistes partis, plus d’appareils photos à l’horizon, la bousculade dégénéreraient alors en charge des gros durs : travail au corps à coup de poing en laiton, sang, dents et cartilage nasal sur le trottoir, avec peut-être quelques oreilles arrachées. Et puis leur fuite avant que la peu reluisante brigade anti-émeute du GCPD ne fasse son apparition sur les lieux.

" Facile… "

Ça aurait été facile en effet s’il n’y avait pas eu la présence dérangeante de Pamela Isley. La tête de proue du mouvement exerçait une sorte de fascination sur les brutes à la solde d’Axis qui étaient comme gêné par sa présence, fasciné en fait, pour ne pas dire séduits.

Crane consulta sa montre et quitta la passerelle pour se rendre vers le bureau de la direction. Quand il entra à l’intérieur, il aperçut Trevor Axis en train de passer en revue un magazine affichant les poses pseudo-sexy des starlettes de Gotham sans avenir. Son garde du corps entra en portant un plateau repas qu’il déposa sur son bureau puis il entreprit ensuite de lui couper sa viande.

" J’ai de mauvaises nouvelles docteur, l’équipe de durs à cuire que nous avons envoyé chez la reine verte pour dévaster son appartement et la bousculer un peu histoire de l’intimider nous ont lâché, ils ont été je ne sais comment soudoyé par la rousse, ils se sont engagé dans son mouvement et manifestent avec cette bande d’ahuris dans la rue tout en hurlant des slogans écolos particulièrement radicaux. Il va falloir passer au plan B. "

" Le plan B ? Vraiment ? Soyons sérieux Mr Axis, cette femme séduit tous ceux qu’elle approche alors comment voulez-vous qu’elle se fasse séduire ? "

" Que voulez-vous que je fasse d’autres ? La manière forte n’a pas réussi, il faut tenter la subtilité. Appliquez le plan B. "

" Ce sera fait monsieur. "

Plus tard


Le directeur des ressources humaines de l’usine avait laissé son bureau à Crane. L’agent de sécurité de l’usine avec qui il avait rendez-vous entra et lui serra la main chaleureusement, c’était un bellâtre avec une tête d’acteur de cinéma et une coupe de cheveux à la John Kennedy. Crane évita les formalités et commença d’entrer de jeu à lui expliquer les consignes :

" Voici quelques règles qu’il vous faudra suivre. Nous sommes en train de vous bâtir une nouvelle identité et nous aurons un premier scenario prêt tard ce soir, vous allez devenir un écolo qui vient tout juste de débarquer de Metropolis. Nous vous avons élaboré un passé personnel qu’il vous faudra mémoriser. J’ai besoin de connaître la taille de vos vêtements : pantalon, chemise, veste, chandail et chaussures. Votre nouvelle garde-robe sera prête avant minuit, elle vous fera ressembler à un grand séducteur et un écolo idéaliste engagé. Vous connaissez votre objectif, n’oubliez pas que si vous parvenez à séduire cette espèce de marie-couche-toi-là qui fait succomber les hommes à tour de bras et à la convaincre d’arrêter ses revendications, vous recevrez 30 000 dollars. Je vais maintenant vous donner des répliques à contrer, des répliques digne selon moi de cette Pamela Isley d’après ce que j’ai entendus dire d’elle, car je n’ai pas encore eut l’occasion de l’observer, voyons un peu comment vous réagissez. "

Le beau-gosse remonta ses manches et ferma ses yeux un instant pour se concentrer.

" Allez-y "

" Mais certaines personnes nous qualifient de fanatiques, cela ne vous gênes pas ? "

" Ce vieux baratin sur la marque infamante, ça ne prend pas avec moi. "

" Bien, on continus sur le même sujet : Oh vraiment ? Les capitalistes industriels ont ruiné nombre de gens politiquement éclairés en les calomniant de subversifs. "

" J’ai toujours eut un faible pour le vert, mais chez les rouquines, poupée ! "

" Bien, mais n’appelez pas Isley par poupée, elle prendra ça pour une attitude machiste condescendante, en voici une bonne : Je conçois difficilement que vous puissiez nous préférer à Axis. "

" Facile, ce gros tas de Trevor ferait fuir n’importe qui. "

" Vous pénétrez dans ma vie au moment même où je mène la lutte décisive pour la flore de notre ville. Je ne sais pas si je peux vous faire confiance. "

" Pamela, il n’y a qu’une seule raison pour me faire confiance et c’est que je ne réponds pas de moi lorsque je suis près de vous. "

" Vous êtes ici pour moi ou pour la cause ? "

" Je veux tout, c’est tout ce que je sais, c’est tout ce que je veux savoir. "

" Comment pouvez-vous avoir une vision des choses aussi simpliste ? "

" Pamela, il y a les industriels et nous, il y a vous et moi, pourquoi compliquer les choses ? "

" C’est si bon avec toi. "

" Les autres, ce n’étaient que des filles, Pamela, tu es ma première femme. "

" Et il y en a eu beaucoup ? "

" Rien que quelques milliers. "

" La cause a besoin d’hommes comme toi. "

" S’il y avait plus de femmes comme toi, nous serions des millions. "

" Et je dois en penser quoi ? "

" Que je t’aime Pamela. "

" Pourquoi ? "

" Tu es écolo et tu as des jambes superbes. "

" C’est parfait, démolissez là, brisez lui le cœur ! Et Mr Axis fera de vous un homme riche. "

Le lendemain

Crane aperçut le séducteur à l’entrée du couloir, il était curieux de savoir ce qu’avait donné sa rencontre avec la reine verte, mais à son grand étonnement, ce sous-fifre ne s’approcha pas de lui pour lui faire un compte-rendu. En fait il se détourna et s’approcha de la porte du bureau du directeur de l’usine dans une série de mouvements mécaniques comme s’il n’était plus lui-même. Crane se dirigea à son tour vers le bureau, en entrant il sursauta à la vue du bellâtre en train d’arracher Trevor Axis de son fauteuil en le saisissant par le col, il le balança ensuite à travers la pièce. Le directeur du complexe industriel percuta avec violence un mur et retomba brutalement sur la moquette. Le sous-fifre qui semblait visiblement possédé plongea sur lui, serra ses mains autours de son cou et commença à l’étrangler pendant que Crane effaré restait dans un coin de la pièce sans bouger. Deux gros bras d’Axis alertés par les appels au secours que leur directeur avait lancé pendant toute la scène, déboulèrent dans la pièce et arrachèrent le dément qui s’acharnait sur Axis. Ils le tinrent fermement chacun par un bras pendant que son ex-employeur se remettait du choc et dénouait sa cravate :

" Comment oses-tu ! Pourquoi l’as-tu rejointe ? Tu aurais pu être un homme riche, que t’as t’elle promit ? Parle ! "

Pour toute réponse, le séducteur devenu fou tira sa langue, claqua violemment sa mâchoire et la sectionna. Le bout de langue retomba sur la moquette, les deux gros bras le relâchèrent sous le coup de l’étonnement puis quelque peu effrayé, ils dégainèrent leurs armes et l’abattirent sans autres formes de procès.

Crane s’approcha du cadavre avec un intérêt certain pour celui qui s’était lui-même coupé la langue plutôt que de dévoiler la façon dont la reine verte l’avait poussé à trahir. Il avait les yeux verts. Crane compris aussitôt.

Le soir


Les syndicalistes à la solde d’Isley s’étaient rassemblés au restaurant Doug Delicatessen. La limousine personnelle de Trevor Axis s’arrêta juste devant. Jonathan Crane en sortit avec 4 gardes du corps de son employeur qui avaient une allure particulièrement menaçante dans leurs costards noirs. Le restaurant était bondé, tous les boxes étaient occupés, l’établissement avait beau se trouver dans l’un des pires quartiers de la zone industrielle, il était très fréquenté par les partisans de l’écologie depuis le début du mouvement.

Crane entra avec sa suite. Pamela Isley était installée en plein milieu du restaurant avec 4 leaders syndicaux. Les gens repérèrent aussitôt Crane à l’entrée, il ne passait pas inaperçu, non seulement il était entouré par 4 molosses à visage humain mais en plus il y avait quelque chose qui détonnait avec son triste costume marron, il portait un masque à gaz. Celui qu’il employait sous son masque d’Epouvantail pour se protéger de ses substances diaboliques, un masque qu’il avait conçu lui-même et qui était bien plus efficace que ceux employés par les commandos du SWAT.

Un syndicaliste effrayé par l’allure de Crane poussa Isley du coude. Les leaders chuchotèrent quelque chose entre eux, se levèrent et sortirent du restaurant, ils croisèrent Crane et ses hommes en route, ils baissèrent les yeux et la tête sans chercher à cacher leur frayeur. Crane se posta devant la table maintenant vide d’Isley et prit place juste en face d’elle. Ses gros-bras restèrent aligné bien en rang derrière lui pour intimider la rousse. Tous les manifestants écolos dans le restaurant cessèrent de parler et les fixèrent. Crane écarta les assiettes de ceux qui étaient partis avec dédain et posa ses deux mains sur la table. Il parla à travers son masque à gaz, d’une voix désincarné et atroce, une voix à vous glacer le sang, celle de l’Epouvantail.

" Mes compliments Mademoiselle Isley, nous avons mis du temps à comprendre que vous employez des substances douteuses pour parvenir à vos fins, mais voyez-vous, Mr Axis dispose de moi, un employé temporaire, spécialiste en produits hallucinogènes dont l’étendue permet une certaine… manipulation de l’esprit humain. Pardonnez-moi de me présenter face à vous avec cette chose sur mon visage, mais je ne tiens pas à respirer vos fluides et à finir comme vos précédentes victimes ou à rejoindre la horde de zombie qui vous suit. "

Il fouilla dans sa poche et en sortit un flacon de laboratoire remplit d’un liquide rouge brunâtre qu’il posa sur la table.

" J’ai fait une prise de sang sur le corps de ce pauvre garçon que nous avons envoyé pour vous charmer. Les analyses n’ont rien donné de concluant, mis à part que lorsque je place cet extrait sanguin à côté des plantes en pots dans la salle de repas des cadres VIP de l’usine, ces végétaux ont poussé de 10 cm en moins d’une demi-heure, remarquable n’est-ce pas ? "

Il claqua des doigts et l’un de ses sous-fifres souleva une lourde mallette qu’il déposa bruyamment sur la table. Il l’ouvrit et recula. Elle était remplit de billet de banques. Crane désigna la mallette d’un geste négligent de la main sans cesser de fixer la rousse.

" Soyez raisonnable, acceptez le dédommagement que vous propose Mr Axis, mettez fin à la grève, à chaque jour, nous perdons une fortune, mettez fin au mouvement, que les manifestations s’arrêtent, votre propagande écologiste fait très mauvaise réputation à Mr Axis. Si vous sortez du restaurant sans prendre cette valise et sans vous en tenir à notre proposition, je vous assure que les choses vont mal tourner, vous allez très bientôt découvrir que vous n’êtes pas la seule à Gotham à employer des substances neurotoxiques capable d’asservir l’esprit humain. Il est encore temps de cesser vos facéties avant qu’elles ne vous soient violement renvoyés dans la figure. "
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Pamela Isley/Poison Ivy

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MessageSujet: Re: La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé]   La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé] I_icon_minitimeSam 14 Jan - 9:52

Lorsque Doug Straffenbaüm s'était récemment installé à Gotham City après être sorti premier de son école d'hôtellerie de Salzburg, il crut réaliser le rêve américain. En jeune Autrichien dynamique qu'il était, sa célèbre intuition culinaire, qui ne l'avait auparavant jamais trahi, lui souffla d'ouvrir un restaurant macrobiotique afin d'exploiter un gisement totalement délaissé par les grands chefs de la ville. S'imaginant faire salle comble chaque soir, l'immigrant européen déchanta au bout d'une semaine en découvrant dans quelle pomme pourrie il venait de se nicher.

Le prix exorbitant de l'immobilier à Gotham l'avait contraint à acquérir une ancienne laverie coincée entre une fonderie et un atelier de vernissage. Très mal situé, l'emplacement ne le dispensa hélas pas de devoir verser une "cotisation mensuelle" aux hommes de Maroni pour qu'ils dissuadent les hommes de Falcone de saccager son commerce ; étrangement, les gros bras de Falcone acceptèrent de tenir à l'écart les membres de la famille Maroni moyennant compensation financière. Son pécule déjà bien entamé par ses investissements de départ, Doug se retrouva déficitaire et endetté jusqu'au cou le mois suivant. Les rares soirs où sa recette atteignait un montant encourageant, un petit malfrat qui passait par là le braquait, s'envolant les poches pleines de billets, tandis que monsieur Straffenbaüm pleurait sur son sort, ayant compris depuis longtemps que la police n'interviendrait pas en sa faveur. Jour après jour, l'autrichien sentait le couperet s'approcher de sa nuque, venant le condamner à vivre sur le trottoir pour le restant de sa misérable existence. Et puis elle était arrivée.

Un mardi soir plus calme que les autres, une voix féminine avait appelé le restaurant, réservant vingt couverts. Sous le choc, le tenancier avait noté le nom de la réservation (
Isley), avant de se servir un bon doigt de bourbon pour l'aider à reprendre ses esprits. Remerciant la providence, Doug ne ménagea pas ses efforts pour ravir ses invités, amorçant à force de sueur et de sourires une relation pérenne entre les militants et son enseigne. Ravis de s'être déniché un endroit où la nourriture était saine, excellente et bien présentée, Pamela prit cet habile cuisinier saxon sous son aile, lui octroyant une clientèle fidèle à même d'apprécier son travail tout en "persuadant" les usuriers de laisser le restaurant tranquille. Grâce à cette aide inespérée, le temple de la gastronomie macrobiotique connut une période faste, au cours de laquelle il fut réaménagé, agrandi et assorti d'un étage. En signe de reconnaissance, le propriétaire fit du deuxième niveau un local à la disposition des écologistes, un lieu où ils pourraient organiser leurs campagnes, fabriquer leurs affiches ou débattre de la politique à suivre. Les deux partis tiraient avantages de la situation et, chose qui ne manquait pas d'étonner l'intéressée, Ivy n'eut pas une fois à droguer Doug pour se faciliter la vie.

Après s'être débarrassée de Mickey, l'éco-terroriste s'en était allée pour régler les derniers détails de l'opération "Blocage total", donnant rendez-vous aux différents responsables dans leur quartier général, le
Doug Delicatessen. Installant son manteau vert écume de mer sur son dossier, la botaniste offrit l'un de ses rares sourires naturels au chef autrichien qui s'avançait à sa rencontre pour servir la table principale, regroupant le gratin du mouvement contestataire. Une queue de cheval brouillon attachée derrière sa nuque, la reine verte ouvrit d'emblée les discussions sur ce qu'il convenait d'infliger à Trevor Axis en termes d'humiliation. Son voisin de gauche prit un air peu convaincu, essuyant ses lunettes en ouvrant la bouche. Il fut coupé dans son élan par le responsable syndical des égoutiers de Gotham, qui proposait avec véhémence d'arroser l'industriel de déchets (toxiques si possible). Chacun y allait de son commentaire, la fourchette suspendue en l'air, et pendant ce temps, Pamela savourait le spectacle, contemplant son œuvre. Une foule en colère, déterminée à ne pas céder avant d'obtenir la reddition du PDG d'Axis Chemicals, et qui n'exigeait plus d'être droguée pour voir les choses sous un angle approprié.

* C'est qu'ils apprennent vite, ces petits... * Pensa avec assurance la biologiste en agitant lentement son cocktail de jus de fruits, la commissure de ses lèvres étirées en un discret sourire victorieux.

Plongée dans le vacarme des discussions de la salle, (le restaurant commençait à connaître un certain succès auprès de la bourgeoisie de la ville) la sulfureuse rousse n'entendit pas une limousine s'arrêter lugubrement devant l'établissement, étudiant à la place l'agencement harmonieux de son assiette lorsque Doug lui apporta son dessert (un sorbet au citron dissimulant un cœur de riz soufflé aromatisé à la cannelle). La rumeur des palabres décrut lorsque les cinq hommes franchirent le seuil de la porte, à l'image du souffle d'air glacé qui s'insinua entre les charnières pour venir chatouiller les mollets des clients attablés. Une seconde encore joyeux et l’œil pétillant, le propriétaire crut sentir une enclume lui tomber sur l'estomac en avisant les quatre silhouettes menaçantes qui le toisaient. Déglutissant, le cuisinier remarqua la présence d'un autre individu, plongé dans l'ombre de ses acolytes, sans qu'il eût été nécessaire de ce détail pour lui donner un air effrayant. L'inconnu portait, en effet, un ensemble marron terni par l'usage, et complété par une cagoule du plus mauvais goût, à mi-chemin entre le filtre à oxygène et le masque d'Halloween grimaçant. Son allure chétive, à la limite du maladif, contribuait à accentuer l'aura d'effroi l'environnant, tant on peinait à comprendre comment une telle crevette parvenait à se faire obéir de quatre armoires à glace. Obéissant à son instinct de conservation, monsieur Straffenbaüm s'effaça pour laisser passer les nouveaux venus, murmurant de pressantes suppliques dans sa langue maternelle en se réfugiant derrière les fourneaux.

Harvey Lockwood riait d'un bon mot de son voisin de tablée lorsqu'il croisa le regard d'acier d'une montagne de muscles. Les zygomatiques bloqués, il s'étouffa, toussant et crachant le verre d'eau qu'il s'apprêtait à boire, jouant du coude pour avertir sa responsable, qui prit le temps de poser sa serviette avant de se tourner vers sa gauche. Toute amabilité envolée, Pamela refléta l'expression aimable des hommes d'Axis, fronçant le nez en détaillant l’Épouvantail. Sans qu'aucun mot ne soit sorti de sa bouche, les autres convives de sa table décollèrent, chacun courant à qui mieux mieux sans une once d'amour propre. Esseulée, faible femme vulnérable entourée de mâles puants la testostérone, Ivy serra les dents tout en se redressant. Elle savait que ses adeptes attendaient une réaction de sa part, et refusait de se laisser intimider. Les pieds de sa chaise grincèrent sur le sol dans un silence de mort.


* Axis n'emploie visiblement pas que de parfaits crétins... * Se fit-elle la réflexion en intégrant le fait que le plus petit du lot s'était équipé pour résister à ses phéromones. De toute façon, avoir recours à ses drogues devant autant de témoins aurait ruiné ses efforts pour rester discrète. Le cerveau en ébullition, la laborantine analysa sa situation, ses yeux émeraudes pivotant dans tous les sens pour tâcher de repérer une solution exploitable, éliminant de suite l'idée d'ordonner aux manifestants d'attaquer. Pas un dans l'assemblé ne parvenait à maîtriser le tremblement de ses jambes.

Le claquement feutré d'une paire de chaussures reporta l'attention sur le mystérieux individu costumé, qui de près pouvait aussi bien être un homme qu'une femme. La silhouette androgyne apprécia l'attention qu'on lui accordait, repoussant l'instant où elle prendrait la parole. Quand ce moment arriva, sa voix d'outre-tombe (masculine, à n'en pas douter) fit pâlir plus d'un client paralysé. La criminelle accusa le coup lorsque l'orateur dévoila sans préavis ses petits tours de manipulation. Par chance, la foule présente était bien trop terrifiée par cet énergumène pour interpréter correctement le sens de ses déclarations. L'intéressée principale, elle, prit le parti de bluffer, affichant une assurance qu'elle était loin de posséder.


« Peuh ! Vous pensez m'avoir percée à jour ? Si je vous donnais ne serait-ce qu'un aperçu de l'étendue réelle de mon arsenal, vous verriez qu'il me reste encore bien des moyens de vous atteindre malgré vos pitoyables efforts pour vous prémunir de mes charmes... »

Surenchérissant à son esbroufe, le cagoulé abattit sa seconde carte, un échantillon sanguin prélevé sur la personne de Mickey Solveg. Et bien que le spécialiste en substances hallucinogènes ait confessé son incapacité à déterminer la composition du sang, sa perspicacité suffit à entamer la belle confiance que la botaniste plaçait dans son intellect féminin. Son regard perdit brièvement en intensité, et, après s'être mordue l'intérieur des joues, la jeune femme à lunette demanda d'un timbre cassant :

- Venez-en au fait, si vous le voulez bien ! Abrégea-t-elle sèchement en jetant une œillade courroucée à son interlocuteur.

* Je n'aurais pas dû céder à mes pulsions si facilement ! Maintenant, ce crétin squelettique dispose d'un échantillon tout à fait exploitable de ma précieuse toxine... Bon ! Ne perdons pas notre calme. D'abord les menaces, ensuite la séduction... Quelle va être la forme de la prochaine tentative de ce sale porc pour me mettre hors-course ? * S'interrogea la rousse en son for intérieur, se remémorant comment s'étaient terminés les deux précédents bras de fer.

Deux jours auparavant

La riveraine ôta son gilet avec empressement, sortant de son sac à main un trousseau de clé bruyant en parvenant au pallier du troisième étage. Animée d'une volonté de fer et les veines saturées d'énergie, la jeune résidente inséra sa clé dans la serrure, qui céda un peu trop facilement pour que cela fut naturel. Ne portant pas le moindre intérêt à ce détail, Pamela pénétra dans le couloir desservant les différentes pièces de son appartement avec un soupir d'aise en réintégrant le décor familier. Une longue journée ne connaissait jamais de meilleure fin que celle où l'on claquait derrière soi la porte...

* Blam! *

... Ou qu'elle se claquait toute seule derrière vous ?

« Bonsoir, ma jolie. » Grinça une voix libidineuse d'homme
provenant de son dos.

En plus de ce visiteur non-désiré, deux énergumènes aux allures de hyènes ricanaient dans leur coin, bloquant toute issue à leur proie. L'un d'eux tenait un couteau de cuisine (trouvé dans un des tiroirs de la botaniste), l'autre pointait un revolver sur le torse d'Ivy. Cette dernière, cernée, inspira à fond, chassant toute peur de son esprit pour conserver la tête froide.


* Ok, ma belle ! Tu t'es déjà retrouvée dans des coupes-gorges pires que celle-là, alors pas de panique. Ce ne sont que des brutes, après tout. Sors-leur le grand jeu et tout rentrera dans l'ordre. * Se rassura la rousse en retirant à la hâte ses lunettes pour décocher un regard de braises aux deux gentlemen lui faisant face.

- Allons allons, messieurs, je suis sûre que nous pourrions nous arranger. Que diriez-vous d'un peu de détente ? Je peux vous l'assurer, aucune femme ne saurait vous faire lâcher prise comme je le fais ! Promit la voluptueuse tentatrice d'une voix de gorge.

- Hahaha ! Ah, bordel, on nous avait prévenu qu't'étais une chaudasse, mais là, ça dépasse toutes mes espérances. Z'avez-vu, les mecs ? A peine elle nous voit, elle sait pas qui on est, qui nous envoie ou pourquoi on est là, et déjà elle nous propose de s'allonger ! Monsieur Axis disait vrai, put*** ! C'te garde baise plus qu'elle ne respire !

* Donc, ce sont des émissaires d'Axis Chemicals... Envoyés pour me "convaincre" de mettre fin à mes idées de changement, si on se fie aux ustensiles que les uns et les autres ont emmenés. * Considéra l'éco-terroriste en glissant un coup d’œil en direction du meneur apparent (un latino bardé de tatouage et doté d'un poing américain). Battant des cils, elle suggéra langoureusement :

- J'imagine qu'on vous a recruté pour me faire passer un sale quart d'heure, n'est-ce pas ? Silence dans la salle. Les deux larbins s'échangent des regards hésitants, tandis que le troisième fait un pas lourd en direction de la dérangeante activiste verte. Mais on ne vous a pas dit quand me passer le message... Alors pourquoi ne pas profiter de ce corps tant qu'il est encore en bon état pour libérer la tension accumulée ? Vous pourrez toujours remplir votre contrat une fois le cœur plus léger... Laissa entendre la séductrice à grands renforts de clins d’œil complice. Poing américain s'immobilisa, semblant réfléchir puissamment à la proposition. De leur côté, ses deux compères de firent rien pour dissimuler l'engouement qui était le leur. Confortée dans sa stratégie, et sans faire de geste brusque, la beauté fatale termina de sa voix la plus caressante, pour n'éveiller aucun soupçons : Laissez-moi juste le temps de mettre un peu de parfum, et je serai toute à vous...

Une main de gorille vint brutalement lui enserrer le poignet, tordant se dernier pour qu'il lâche le flacon d'aphrodisiaque. Par malheur, ce dernier résista à la chute, et roula gentiment sur le parquet, laissant Ivy complètement sans défense.

- Oh que non, chérie ! Que tu sentes la rose ou la pisse, nous, on s'en fout royalement. On va te passer dessus un par un, histoire de bien te casser les pattes de derrière ! Gronda le latino en défaisant sa ceinture, manifestant son désir d'être le premier à se divertir. Les deux autres jetèrent sur la silhouette féminine un regard gourmand, affichant une expression avide et bestiale. Prise de panique, Pamela menaça de toute la force de sa voix chevrotante:

- Stop ! Plus un pas, ou je hurle !

Hilarité générale chez ses agresseurs.

- Warf warf warf ! T'en fais pas, poupée, tu crieras, pas de doute là-dessus. Tu peux même appeler la police, ou demander du secours, personne ne lèvera le petit doigt pour sauver ton c*l ! Et tu sais pourquoi ? Parce qu'on appartient à la pègre, et qu'à Gotham, personne ne défie la pègre. L'homme força sa vis-à-vis à se retourner pour le regarder en face. Tu penses que j'bluffe ? Hey, Marko, cette pouffiasse croit que j'essaie de l'entuber. Vas-y, montre-lui à quel point on s'en fout d'être entendu par les voisins ! Ordonna le gros bras au détenteur du revolver.

Un rictus de rongeur étirant ses traits grisâtres, le dénommé Marko gloussa comme un dégénéré, fouillant la pièce à la recherche d'une cible facile. Avisant le flacon de parfum, il pointa le canon de son arme dessus, et pressa la détente en poussant un
«  Youpi! » débile. Le couloir devint saturé en phéromones instantanément.

Vingt-quatre heures plus tôt

Si certains en doutaient, les hommes pouvaient parfois faire preuve d'une véritable ténacité et d'une délicatesse absolue. Appartenant à la catégorie des sceptiques, Pamela avait dû s'incliner de mauvaise grâce, en reconnaissant à un certain Jack Spencer (ingénieur en biotechnologies de son état) nombre des qualités qui lui plaisaient chez un homme. Jack était beau, certes, mais surtout, il ne s'embarrassait pas de formules, exprimant son opinion de façon directe, et réservant sa verve pour les compliments qu'il adressait régulièrement à la rousse de son cœur. Militant écologiste très engagé, Jack s'était fait arrêté cinq fois pour occupation illégale de locaux à Metropolis, et avait à son actif deux usines polluantes fermées par ses actions démonstratives répétées. Cerise sur le gâteau : il abhorrait Trevor Axis. Cerise sur la cerise : Ivy n'avait pas eu recours à ses composés pour le persuader. La jeune femme ne parvint pas à comprendre comment elle avait pu passer à côté d'une telle perle, alors que son prince charmant manifestait à ses côtés depuis une semaine.

Les trois babouins d'Axis ne lui ayant rien appris qu'elle ne savait, la criminelle aux lèvres létales les avait affectés à une tâche simple : scander en boucle des slogans figurant sur un bout de papier. Sa cohorte de militants n'en était plus à trois membres près, la décision de les ajouter à ses fidèles trouvait davantage sa motivation dans le fait de provoquer l'employeur des trois brutes en faisant passer ces derniers à l'ennemi. Confiante quand à sa capacité à gérer les tentatives maladroites de son adversaire pour la neutraliser, le docteur Isley s'autorisa une soirée de détente en agréable compagnie, rêvant déjà de se pelotonner tout contre sa dernière trouvaille en ronronnant comme un félin bienheureux. Ainsi, à l'image de la veille, elle intégra son foyer avec délectation, Jack à sa suite.


« Wahou ! Mes compliments à la décoratrice! » Salua l'acteur en sifflant, sachant pertinemment que son hôte s'était chargée de ce travail.

- Tu es un amour ! C'est vrai, tu trouves l'alternance des teintes harmonieuse ? Rougit la résidente en refermant doucement la porte (la serrure, fracturée, avait dû être remplacée. Son serrurier, "compréhensif", n'avait pas traîné).

- Tu plaisantes ! On y retrouves les tons froids qui te vont si bien, ponctués de tâches discrètes de rouge. Et cet éclairage en contre-plongée pour faire ressortir les volumes du couloir... Idéal! Mentit le comédien en venant loger sa tête dans la chevelure étrangement douce de sa logeuse, qui gloussa comme une collégienne.

- Va dans le salon (première porte à droite) ! Je t'y rejoindrai une fois que j'aurais enfilé quelque-chose de plus... Confortable. Informa la grâce aux courbes sinueuses d'un ton rempli de perspectives attrayantes.

- Je t'en prie, P...amela. Corrigea son interlocuteur en souriant de plus belle, se souvenant juste à temps des avertissements de Crane.

* Jupe jupe jupe... Où es-tu, ma jolie jupe ? * Chantonnant silencieusement la botaniste aux anges, tout en extrayant pelle-mêle le contenu de ses tiroirs en quête d'une jupe vert tilleul des plus affriolantes.

- Ne te torture pas trop, Pam'. Tu étais ravissante dans cet ensemble ocre que tu portais lors de la manifestation de mercredi. Avoua l'homme parfait factice en croyant bien faire. On lui avait expliqué que la reine verte ne possédait pas une garde-robe très variée. Ce détail, mit en lien avec le calendrier des manifestations et leurs événements marquants (que Mickey avait dû apprendre par cœur) firent déduire au jeune homme que sa victime avait sorti sa tunique couleur poussière de glaise et son pantalon marron clair à l'occasion mentionnée.

Manque de chance, Ivy n'avait pu être présente à cette manifestation. Entendant cette absurdité, elle envisagea d'abord l'éventualité que son amoureux ait confondu deux dates (personnes n'était parfait, après tout !). Puis elle réalisa que Jack se montrait trop parfait, depuis qu'ils s'étaient rencontrés "par hasard". Il ne lui manquait rien, ni physiquement, ni intellectuellement. Comme une illusion projetée devant ses yeux pour la fasciner... Laissant tomber la jupe qu'elle projetait d'enfiler, la biologiste s'approcha de sa table de chevet sur la pointe des pieds, extirpant d'un double fond un petit flacon et une seringue sous vide. Le produit, jaunâtre, avait tiédi au cours de son séjour à l'ombre. Élevant le récipient à hauteur de nez, elle plongea son regard dans les méandres du liquide, une colère contenue sur son fin visage. Plus que l'impression d'avoir été manipulée, c'était son absence de certitudes qui crispait Pamela, car elle ne parvenait pas à déterminer si oui ou non, Jack n'était qu'un ignoble pastiche. Ou peut-être ne le voulait-elle plutôt désespérément pas ? Elle aspirait depuis trop longtemps à dénicher un homme avec qui elle soit à ce point en phase, et son projet se déroulait tellement bien que, quelques temps, sa prudence l'avait désertée, lui offrait une demie-journée à savourer ce que serait sa vie si ses craintes ne noircissaient pas tout en permanence...


* Désolée, Jack, mais je ne peux pas me payer le luxe de te croire aveuglément... Sois assuré que, si tu étais honnête, je surpasserai tes attentes les plus folles me concernant. * Jura la laborantine rousse de l'université de Gotham en perforant l'opercule métallique avec l'aiguille débarrassée de son emballage.

Dans le petit flacon se trouvait le trésor secret de Poison Ivy, fruit d'heures incalculables de travail. Son principal problème, jusqu'à maintenant, avait été la diversité de son arsenal. Limité, il empêchait la belle de pouvoir agir efficacement car son champs d'action trouvait rapidement ses limites. Aussi, détournant le matériel mit à sa disposition par le directeur de projet du laboratoire scientifique, l'Empoisonneuse entama l'hémi-synthèse d'un composé hybride. En partant du motif carboné d'un de ses hypnotiques, elle parvint, non sans mal, à développer une toxine double emploi. Très volatile, la drogue s'évaporait sans mal, et remplaçait le dioxyde de carbone lors du cycle de Calvin dans la photosynthèse des végétaux. Une fois assimilée, la molécule jouait le rôle de catalyseur, stimulant le fonctionnement des assises génératrices pour engendrer une croissance accélérée des plantes. Un engrais miracle, dont une faible quantité était suffisante pour obtenir des résultats probants. Or, sous forme liquide ou gazeuse, ce même substrat provoquait son effet hypnotique d'origine chez les êtres humains, plongeant la victime dans un état second cher à Poison Ivy. De plus, très puissant, il pouvait être introduit dans l'organisme cible en quantité infime, ce qui rendait la toxine ardue à détecter lors d'une analyse. Néanmoins deux défauts majeurs entachaient ce tableau doré : une fois infecté par le composé, le sujet présentait une pigmentation verdoyante de la pupille (une coloration caractéristique qui ne manquerait pas d'éveiller les soupçons) ; et surtout, le temps nécessaire pour produire la toxine rendait la drogue très précieuse, d'autant que le procédé de fabrication, complexe, exigeait de disposer de toute une série de machines hors de prix.


« J'arrive !  » S'annonça l’intrigante, dissimulant sa seringue derrière son dos.

* Et j'ai quelque-chose pour toi ! * Compléta intérieurement Ivy en appréciant de pouvoir utiliser son dernier jouet sur un cobaye non-consentant. Souriant largement, elle sautilla d'un pas léger en direction du séduisant militant, qui haussa un sourcil interrogatif.

- Dis-moi... Tu ne devais pas te changer, Pam' ? Remarqua-t-il, prouvant une nouvelle fois qu'il usait de ses méninges à bonne escient. Mais il était trop tard, et la reine verte se trouvait déjà trop proche.

- A mon tour, de poser les questions ! Rugit la criminelle en plantant le dard dans le bras de son Roméo d'opérette, qui fit mine d'éviter l'assaut avant de s'enfoncer dans son siège, un sourire béat s'étalant sur son visage. On aurait put le confondre avec un mannequin de chiffon, tant il relâcha ses muscles, dodelinant de la tête en grognant sourdement.

- Et maintenant, je veux que tu répondes avec franchise à chaque question que je te poserai. Comment t'appelles-tu ?

- Mickey... Mickey Solveg.

Zone industrielle, restaurant Doug Delicatessen

De l'argent. Voilà donc l'offre que faisait le PDG d'Axis Chemicals à sa détractrice écologiste. Une somme déposée sur sa table, brutalement. Assez pour faire chuter deux verres, qui arrosèrent la nappe avant de tomber par-terre et de se briser dans un son cristallin. Doug n'émit aucun commentaire à cet incident, jugeait visiblement préférable pour sa santé de se faire oublier. Pamela, elle, jeta à la mallette un regard peu amène. D'une main gracile, elle préleva une liasse, et fit jouer son index sur la tranche des devises américaines, laissant le son produit emplir la salle d'un discret chuintement. Puis, l'air désabusé, elle posa le tas de rectangles en papier devant elle, pinçant ses lèvres.

Les nerfs d'un client lâchèrent soudain, craquants à la suite du trop long entracte qui avait accueilli l'offre du costumé messager des industries polluantes Axis. Bondissant de sa chaise, le trentenaire barbu et nerveux vilipenda, le poing levé
 :

« De quel droit vous pointez-vous ici, pour jouer les truands à la petite semaine et menacer ainsi mademoiselle argh ! » Cria l'insurgé lorsqu'on le planqua sans ménagement au sol.

Se tortillant dans tous les sens, le barbu fut remit debout, et renvoyé à sa place comme s'il n'eût pas pesé plus lourd qu'un seau en plastique. Les femmes présentent se collèrent aux individus de sexe opposé, couinant devant cet étalage de violence brute. Mais trop sorti de ses gonds pour reconnaître son infériorité, le trentenaire fit volte-face, rouge de colère, et se mit à insulter le colosse qui l'avait neutralisé. Méthodiquement, l'acolyte de Crane lui décocha un uppercut au menton (un craquement retentit), avant de lui expédier son genou dans l'entrejambe. Le bruit étouffé d'une masse écrabouillant un tas de chair filtra, et le visage de la victime se décomposa de douleur. Coupé dans son élan, le pauvre bougre comprit trop tard son erreur. Deux poignes de fer lui saisirent le crâne dans un étau, l'envoyant sèchement rouler au sol avant de percuter un mur en pleine face. Il s'effondra, le nez écrasé, les testicules en bouillie et la mâchoire fracturée. Totalement étranger à la correction que venait de subir ce trouble-fête, l'homme au masque à gaz attendait la réponse de son interlocutrice.


« Je constate que vous avez trouvé un usage approprié à la récompense promise à votre séducteur du dimanche pour me briser le cœur... Entama Ivy d'un timbre froid et atone. Mais il se trouve que laisser la situation pourrir à Gotham n' est pas dans mes projets. Pas du tout. Insista-t-elle, lissant le devant de son haut informe avant de gratifier son aimable locuteur d'un regard perçant le verre épais de ses lunettes en verre blanc. J'ignore qui vous êtes, un autre mercenaire sollicité par Trevor Axis, ou bien ce "monsieur Crane" à qui incombe apparemment la tâche de me régler mon sort. Ce que je sais, en revanche, c'est que vous bossez, directement ou indirectement, pour ce tas de répugnant fumier qu'est Axis, et que vos aveux sont limpides de sens. S'il essaie avec autant d'empressement de m'amadouer, j'en conclus qu'il commence à tomber à court de solutions, ce qui ne fait que me conforter dans l'idée que ses usines fermeront bientôt. Alors à moi de vous donner un conseil : faites-vous payer vos services très vite, monsieur... Parce que d'ici prochainement, votre patron n'aura plus un sou en poche pour régler la note qu'il vous doit. »

Et ce disant, elle sortit du restaurant, la tête haute, ses yeux braqués sur la porte. En passant à côté de Doug, elle salua celui-ci, qui répondit une formule inarticulée en allemand. Le spécialiste en substances hallucinogènes lui avait laissé le choix entre quitter les lieux sans un sou supplémentaire, ou emporter le magot et abandonner sa lutte. Son choix était on ne peut plus clair. Et dans l'optique peu probable où l'un des chiens de garde déciderait de l'abattre, Pamela savait que ses partisans n'hésiteraient pas à s'interposer sur la trajectoire de la balle. Or, un bain de sang entacherait trop la réputation du requin pour qu'un de ses hommes de main s'y risque froidement. Prudente, la reine verte n'avait rien fait qui puisse lui valoir l'ire de ses visiteurs, trop consciente que, sous un coup de chaud, les consignes établies par Trevor Axis pouvaient très bien passer à la trappe. Il ne s'agissait que de primates en costume, cinq mâles, qui plus est. Un geste, un mot de travers, pouvait les rendre imprévisibles et violents.

* La guerre est déclarée, entre ce bonhomme en frusques dépenaillés et moi. Non... Entre ce guignol de carnaval et Poison Ivy ! S'emporta intérieurement l'éco-terroriste. Il est temps de reprendre l'initiative pour de bon. On veut me renvoyer mes facéties à la figure ? Qu'ils attendent de voir ce que je leur réserve ! *

Silhouette fugitive dans la nuit, Pamela fit arrêter un taxi, prévoyant déjà de voyager aux frais de la princesse. Son humeur n'était pas à la compassion pour un pauvre père de famille obligé de faire les trois huit pour nourrir sa fratrie.

Plus tard cette même nuit, locaux d'Axis Chemicals

Les ombres s'allongeaient à n'en plus finir, le long du corridor du septième étage. Le moindre craquement, la moindre vibration, prenait à cette période nocturne une ampleur démesurée, comme si tout bruit se trouvait relayé par des enceintes dissimulées sous le papier peint. En revanche, les images, elles, se fanaient, perdant toute teinte ou coloration pour adopter une nuance uniforme de gris. L'illusion de se trouver plongé dans un vieux fil en noir et blanc était saisissante.

En arrière-plan, le halo discret d'une lampe-torche faisait glisser son cône de lumière sur le lino, provoquant une perturbation dans le corridor haut de plafond, et ravivant les teintes disparues des boîtes en cartons et autres tuyaux de chaufferie qui meublaient le décor. Avec la démarche d'un automate, un vigile de la sécurité du bâtiment progressait au sein du complexe, Poison Ivy accrochée à son bras droit. De temps à autres, la belle, arborant de courts gants verts et des bottines à talon de la même couleur, venait cajoler son chevalier servant au creux de l'oreille, s'assurant son entière et complète coopération. Le malchanceux Tony avait pour seul tort d'effectuer sa ronde de trois heures au moment où l'Empoisonneuse s'infiltrait au siège des industries Axis, et ne put rien faire lorsqu'une furie se colla à lui pour plaquer ses lèvres sur sa bouche.


* Heureusement que je suis tombée sur ce crétin. J'avais totalement oublié d'emporter une lampe. Quelle idée aussi d'éclairer si peu cet endroit ! *

En effet, l'éclairage automatique de veille n'avait d'un luminaire que le nom. Tamisé au possible, crachotant un faible halo orangé, il ne servait qu'à distinguer les obstacles les plus volumineux dans la pénombre, donnant au couloir une touche des plus lugubres. Si l'on y ajoutait les sons inconnus (provoqués par le fonctionnement de l'usine, sans aucun doute), le tout se rapprochait énormément d'une scène de film d'horreur.

Son bustier vert complété par un pantalon en lin plus clair, décoré de lierres stylisés, Pamela sursauta bêtement en apercevant son reflet dans un miroir qui traînait. Sa chevelure, aussi volumineuse et bouclée que celle de son identité civile était plate et lisse, ajoutait comme une couronne incandescente au-dessus de son crâne. Ses yeux verts avaient été masqué par un loup fait avec du maquillage et des paillettes émeraudes, dissimulant le détail de ses traits à d'éventuelles rencontres. Son plan se résumait à deux choses : s'introduire dans la place-forte ennemie, et y provoquer un grand chambardement. Son arsenal se composait d'un rouge à lèvre asservissant quiconque y goûtait, comme l'attestait le pauvre garde de la sécurité, ainsi que de cinq bombes fumigènes artisanales. Fixées à une ceinture, les projectiles (de simples fioles peintes en vert) contenaient un gaz asphyxiant de couleur clair, à mi-chemin entre le jaune et l'émeraude. Ivy avait jugée que tout employé de ce haut lieu de la pollution ne méritait pas de vivre. Enfin, elle avait délesté son guide de son tazer, juste parce qu'elle rêvait de torturer Trevor Axis à l'aide d'un tel objet.

Même aussi tard, les premiers étages restaient très fréquentés. A cause du blocus, la sécurité avait été doublée pour prévenir toute tentative de sabotage sous couvert de la nuit. Déterminée à atteindre le centre névralgique du bâtiment, la plantureuse séductrice avait consenti à faire un détour interminable pour éviter les chemins de ronde, se reposant sur son esclave, et ce afin de parvenir à l'ascenseur du septième étage, que personne ne surveillait (selon les dires de l'employé drogué). Cet objectif atteint, Poison Ivy aurait tout le loisir de s'élever au bureau de grand patron pour y saccager chaque centimètre, avant de remplir la pièce de gaz. Le lendemain, une surprise attendrait l'industriel. Naturellement, ce n'est pas l'intéressé qui mourrait. Non, si cela avait été aussi simple, l'éco-terroriste se serait déjà chargée d'éliminer Axis. Le scénario le plus logique consistait à penser qu'un employé de l'entretien pénétrerait dans le saint des saints, s'étoufferait, et que le PDG retrouverait un cadavre dans son espace de travail. Une version modernisée du corbeau cloué sur la porte. Un message sans équivoque. Une menace sérieuse de Mort.

Le couple artificiel tourna à droite, contourna un espace réfectoire où se trouvaient rassemblés les distributeurs de boissons et de nourriture, puis franchit une porte. Un peu mieux isolée que le reste (peut-être récemment refaite), cette section du complexe industriel formait un T. Une moquette couleur crème se trouvait sous les talons des deux noctambules, dont le faisceau de torche capta une fontaine à eau, une plante en pot et quelques anciens clichés des usines. A huit mètres au fond, face à eux, se tenait l'ascenseur, tout en métal argenté, son bouton d'appel rétro-éclairé par une diode orange. Vers la droite et la gauche de cette cage élévatrice, deux autres couloirs desservaient le reste de la section (probablement des bureaux de design, à en croire les plans encadrés qui décoraient les murs). Il régnait dans l'atmosphère une odeur diffuse de caféine, de désinfectant bon marché et de papier non-recyclé. Indifférente à son succès, Ivy se précipita sur la plante en pot dépérissant dans son coin. Maudissant les agents d'entretien incompétents, elle se fit douce et aimante, comme une mère réconfortant un enfant en mal d'affection. Une feuille sèche et racornie se détacha pour choir sur la moquette. Puis la main gantée de la botaniste retomba tristement lorsqu'elle comprit que l'organisme chlorophyllien, plus jauni qu'un rouleau de parchemin égyptien, avait succombé à sa maltraitance. Se relevant, elle expédia un direct maladroit du pied dans l'abdomen de son punching-ball humain, qui encaissa le coup faible sans broncher. Plié en deux, il souriait toujours avec béatitude, tout son corps anesthésié par l'hypnotique. Se défoulant encore un peu en giflant le vigile, l'intrépide rousse se calma finalement, soupirant profondément en se massant les tempes. Ses doigts étaient frais, et apaisants sur son crâne chauffé à blanc.


« Finissons-en !  » Déclara à voix haute la reine verte en s'avançant d'une allure conquérante à la rencontre de l'ascenseur, son serviteur sur les talons.

Un lointain grincement mécanique se fit alors entendre, gagnant en intensité avec rapidité. Prise d'un doute, la criminelle pointa son regard sur le cadran de l'ascenseur, dont les étages défilaient pour se ralentir et s'arrêter au chiffre 7. Ouvrant grand les paupières, elle tourna la tête pour ordonner d'une voix ferme :


« Attaque !  » En pointant du doigt les portes coulissantes qui s'ouvrirent avec un tintement claironnant.

Le garde s’exécuta, avançant lentement, bras tendus comme un zombie.


Dernière édition par Pamela Isley/Poison Ivy le Jeu 26 Jan - 17:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé]   La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé] I_icon_minitimeLun 16 Jan - 19:22

La tête de proue du mouvement anti-Axis avait visiblement envie de jouer avec ses nerfs. Crane l’observa mécontent alors qu’elle jouait avec les billets du monumental pot-de-vin. Derrière son masque à gaz, il la scrutait en se demandant si oui ou non elle allait accepter, dernier instant de vérité. Incapable de cacher sa nervosité, avec sa main gauche il serrait rageusement une cuillère et avec les doigts de sa main droite il tapotait la table. Il fixait la réaction de refus d’Isley avec une telle intensité qu’il ne tourna même pas la tête et resta imperturbable alors qu’un vert faisait un esclandre avant d’être remis à sa place par son escorte. Les paroles de la rousse claquèrent comme un coup de fouet. Crane resta immobile à sa place, décontenancé par le côté intransigeant de ses paroles. Il découvrit avec surprise qu’il existait encore des idéalistes à Gotham City, toutes les autres fois il y avait eu grève, l’aboutissement avait toujours été le même : les leaders syndicaux se laissaient corrompre ou intimider par la mafia, les ripoux ou autre appelés à la rescousse pour briser toute grève et étouffer toute contestation. Pour la première fois dans les annales de la ville quelqu’un refusait de plier dans ce domaine.

Crane sortit du restaurant avec dignité mais sa suite de gros-bras semblaient dépité en s’imaginant déjà la réaction de leur employeur lorsqu’il apprendrait leur échec. Des militants écolos sortirent de l’établissement et jetèrent des détritus en direction de la limousine lorsqu’elle démarra.

Une fois de retour à Axis Chemicals, Crane qui avait enfin retiré son masque à gaz, rencontra le grand patron dans son bureau. Trevor cajolait une batte de base-ball cloutée.

"Regardez ça docteur, je l’ai emprunté à l’un de nos hommes, il comptait s’en servir contre les verts mais il n’a pas osé à cause de leur maudite garce de rousse. Et de votre côté ? Elle n’a pas réclamé plus d’argent au moins ? Mais le principal c’est qu’elle cesse enfin ses pitreries."

Crane garda le silence avec un air sinistre puis fouilla dans sa veste pour en sortir un magnétophone. Il enclencha le bouton play, la bande se mit à siffler :

" …il se trouve que laisser la situation pourrir à Gotham n'est pas dans mes projets. Pas du tout. "

Trevor se leva et arpenta son bureau en jetant un coup d’œil par la baie vitrée tout en faisant tourbillonner sa batte, Crane remarqua que la peau de son cou était hérissé de chair de poule.

" …ce tas de répugnant fumier qu'est Axis "

Axis réprima un tremblement, il serra sa batte comme s’il étouffait quelqu’un. Crane sentant venir la suite, recula instinctivement son fauteuil du bureau du directeur de l’usine.

" …il commence à tomber à court de solutions, ce qui ne fait que me conforter dans l'idée que ses usines fermeront bientôt. "

Trevor avait les yeux qui lui sortaient de la tête. Cette expression sur son visage rappela à Crane l’un de ses anciens multiples cobayes de l’asile d’Arkham qu’il avait rendus fou de terreur avec ses substances.

" …Parce que d'ici prochainement, votre patron n'aura plus un sou en poche pour régler la note qu'il vous doit. "

Axis laissa partir sa batte, Crane contempla la cogneuse à tête cloutée. La chaise à côté de Crane fut réduite en petit bois, le propre bureau du directeur du complexe fut amputé de ses pieds sous les coups. Crane se leva et recula bien en retrait. Les murs de la pièce se creusaient sous les coups de bois cloutés jusqu’aux plinthes. Une photo accrochée au mur montrant Trevor en train de serrer la main du maire Hamilton Hill se vit réduire en 8 millions de morceaux. Les piles de paperasses volaient, les esquilles de bois ricochaient. Crane admirait la scène, les mains croisées derrière le dos. Axis allongea un grand coup en arc dans la grande baie vitrée, créant une explosion d’éclats de verres. Deux agents de sécurités attirés par le vacarme entrèrent en trombe. Axis se débattait pour décoincer sa batte, il l’avait par inadvertance coincé dans un canapé à moitié déchiré par ses coups. Les agents l’agrippèrent. Trevor avait les yeux qui lançaient des éclairs et une figure catatonique. Il se débattit des bras et des jambes en gigotant, ses employés obtempérèrent et le relâchèrent. Il fixa Crane, sa voix couina, hystérique, comme sous gaz hilarant :

" Je veux sa tête ! "

Il passa près de Crane qui manqua de s’étouffer sous l’assaut de l’odeur d’Axis : sueur et eau de Cologne. Trevor retrouva son souffle, sa voix baissa de quelques octaves.

" Je donnerais 5% des parts de mon usine à celui qui m’apportera la reine verte morte ou vive ! Et n’essayez pas de m’arnaquer en réclamant 10% des parts en cas de succès bande de minable, sinon je vous renvoie à Metropolis en autocar pour aller mendier là-bas ! En attendant, j’ai un message à faire passer aux écolos, Docteur, vous venez avec moi. "

Ils prirent la limousine, les gardes du corps d’Axis étaient les uns sur les autres, l’espace manquait. La puanteur d’eau de Cologne de leur patron était partout. Crane était inquiet car il ignorait l’objectif de leur employeur. Personne ne parlait, un Trevor boudeur, ça vous tuait dans l’œuf tous les bavardages. Ils doublèrent des voitures voyantes de maquereau. Ils passèrent devant des tripots où des camionneurs s’engnolaient. Ils se garèrent dans une ruelle derrière le Doug Delicatessen. Ils sortirent tous du véhicule sauf Crane, Trevor s’étira. Il claqua des doigts. L’un de ses hommes ouvrit le coffre et en sortit une machette gardé dans un étui sanglé qu’il aiguisa dans la foulée sur une pierre ponce avant de la tendre à son chef. Crane alluma l’autoradio de la limousine, il tomba sur une émission évangéliste quelconque, genre priez pour Jésus. Quelques couples passèrent dans la rue avant de disparaître, des racoleuses en tenue affriolante tenant compagnie à des flics pourries qui n’étaient pas en service.

Doug Straffenbaüm sortit de son restaurant par la porte de service pour sortir les poubelles. Axis l’interpella en hurlant, Doug prit la fuite en grimpa dans sa voiture garé elle aussi à proximité. Axis et sa suite réintégrèrent la limousine. La poursuite commença entre les deux véhicules devenus fous. La radio crachait toujours son émission évangéliste, le pasteur réclamait des dons, en appelant à la générosité naturelle des citoyens de Gotham. La limousine s’approcha des feux arrière de la vielle Ford du restaurateur. Elle lui rentra dedans, la faisant déraper. Ils quittèrent la route ensemble, sectionnèrent le grillage d’une cour d’usine puis calèrent. Les phares de la limousine encadrèrent Straffenbaüm qui quittait sa voiture pour courir à pas malhabiles à travers la cour de l’usine envahit par les camions et les cuves de propane. Trevor bondit à son tour et se lança à sa poursuite en agitant sa machette à bout de bras. Doug trébucha et son dernier geste avant de mourir fut d’adresser un doigt d’honneur à l’attention de Trevor qui arriva sur lui machette en l’air, il le trancha de gauche à droite. Crane toujours assis confortablement baissa la vitre et sortit sa tête dehors. Il vit des morceaux de cuirs chevelus qui volaient à chaque fois qu’Axis agitait son arme. L’évangéliste à la radio continuait son baratin, il vantait l’illustre personne de Carmine Falcone qui dans sa bienveillance et bien que catholique comme tous les italo-américains avait généreusement fait don d’une obole lucrative à l’église méthodiste du Christ rédempteur de Gotham. Crane n’écoutait plus, il observait Trevor qui venait de s’interrompre. Il essuya le sang qu’il avait dans ses yeux et recommença à frapper.

Plus tard dans la nuit

Axis dit :

" Regardez ce tableau, ce sont les détails qui me tuent, tous ces gratte-ciels de Gotham et mon usine qui trône au milieu, plus grande encore que la Wayne Tower, je crois que le peintre a très exagéré les choses. "

Trevor Axis attaquait son troisième cocktail depuis qu’ils étaient rentrés. Crane Observa le tableau, Dick Ashcroft le lobbyiste anti-vert qui leur avait fait une conférence passionné au début de la grève, fit de même. Il ôta la cerise de son propre verre à cocktail tout en disant :

" Le Dr Crane se contrefout de ce tableau et de l’obséquiosité du peintre, ce qu’il veut, c’est donner le coup de grâce à toutes ces foutaises de revendication écologistes nuisibles qui grouillent dans la zone industrielle ! "

" Euh… c’est-à-dire que… "

" Inutile de vous justifier docteur, je suis de tout cœur avec vous ! "

Crane leva les yeux au ciel. Axis caressa le pull sombre en alpaga avec ses propres initiales qu’il portait (il avait changé de tenue après avoir aspergé de sang son costard lors de l’assassinat de Doug.) On aurait dit un estimé membre du Rotary Club avec son accoutrement. Trevor toussa, Ashcroft éteignit sa cigarette et chassa la fumée de la main.

" Quand on veut combattre l’écologie, il n’y a qu’un seul moyen, la manière forte ! "

Axis remua son cocktail

" Disons les choses comme elles sont, une fois Isley raide morte, ils cesseront tous leurs pitreries, n’est-ce pas docteur Crane ? "

" C’est exact Mr Axis. "

" On m’a dit que vous aviez été psychiatre à l’asile d’Arkham, la reine verte y finira enfermé un jour n’est-ce pas ? Votre diagnostic ? "

" C’est sûr et certain. "

Ashcroft mangea sa cerise

" Vous êtes vraiment psychiatre ?"

Axis se tritura une peau morte sur sa main.

" Il faut trouver une nouvelle façon d’envoyer Isley dans la tombe, les méthodes traditionnelles n’ont pas marché. "

Ashcroft bâilla

" C’est ce qui s’appelle dire les choses comme elles sont. "

" Dîtes moi docteur, n’est-il pas l’heure de votre…consultation ? "

" J’y pensais justement. "

Axis lui adressa un clin d’œil façon « t’es un chef ». Effet raté.

Peu après Crane avançait dans un couloir munis d’une sacoche de médecin, il se faufila dans le dédale d’un pas rapide, il connaissait le chemin pour l’avoir fait à plusieurs reprises et n’avait plus besoin de se faire accompagner par un garde. Sa destination se trouvait dans un recoin du complexe, un endroit jamais fréquenté et tenu au secret par le directeur. Crane sortit un trousseau et déverrouilla le cadenas de la porte. La pièce était une chambre d’hôpital plongé dans la pénombre, seul le lit au centre de la pièce était complétement visible grâce à une lampe halogène fixé au plafond. Crane s’approcha et grimaça en constatant que le goutte-à-goutte par intraveineuse s’était vidé. Linda Axis, la sœur du tout puissant Trevor s’était assoupie en regardant la télé, seul élément de divertissement dans cette sinistre pièce aux allures de blocs opératoires. Jonathan lui prit le pouls, il était faible, presque normal. Le téléviseur passait des rediffusions nocturnes sur l’actualité du moment, à faible volume. Un journaliste fit le parallèle classique entre Falcone et Maroni, puis il enchaîna sur le maire et le commissaire. Les deux agitations du moment suivirent, la chauve-souris dans les bas-quartiers et les manifestations violentes devant Axis Chemicals. Jonathan regarda Trevor se pavaner dans une allocution publique. Linda Axis bougea et tressaillit. Jonathan installa une nouvelle poche de liquide pour perfusion. Linda ouvrit les yeux.

" Bonsoir. "

Linda désigna le téléviseur.

" Mon frère est immonde, même quand il se montre aussi charmant. "

Jonathan lui sourit.

" Tu ne m’avais pas dit que le physique des gens t’avais toujours induite en erreur ? "

" Ce qui explique que je n’ai jamais eu de chance avec les hommes. "

Le liquide commençait à circuler hors de la poche, il circulait dans le tube. Jonathan manipula le cadran et régla le débit. Linda frissonna, la perfusion atteignit son bras et transmit un peu de couleur à son visage.

" J’ai peur de…tout ça. "

Jonathan éteignit le téléviseur.

" Tu es en sécurité ici, les manifestants n’entreront jamais ici pour lyncher ton frère. "

Jonathan lui prit les mains.

" Il t’a surement dis ce que je ferais bientôt pour nous en débarrasser définitivement… "

Linda secoua la tête et libéra ses mains.

" Je serais bientôt morte et mon frère le cachera comme il m’a caché ici pour que personne ne sache. "

" Je… "

" Tu n’aurais jamais dû travailler pour lui. "

Il lui prit le pouls, trop faible pour être normal.

Au même étage, la malchance ou le hasard avait fait que l’intruse aux intentions néfastes pour l’usine venait de s’infiltrer tout en mettant un gardien sous son emprise. Alors que l’ascenseur s’ouvrait face à elle et sa marionnette, un autre gardien en sortit, il observa abasourdis son collègue lui foncer dessus pour le neutraliser. Cette scène surréaliste de l’autre agent de sécurité ayant perdu tout contrôle et de l’époustouflante rousse en tenue verte qui semblait totalement opposé à la nature du lieu déclencha la peur, comprenant qu’il était en danger, il prit la fuite avec ses assaillants juste derrière. Il courut à toute jambe comme si sa vie en dépendait (en fait sa vie en dépendait vraiment) tout en hurlant au secours. Crane et Linda l’entendirent. Furieux l’es-psychiatre se dressa alors que le malheureux gardien faisait irruption suivis de l’autre qui était tombé sous le contrôle d’Isley. Plein de rage, Crane attrapa un taser dans sa sacoche et dans une série de geste colérique, il électrocuta les deux perturbateurs qui s’écroulèrent inconscient sur le sol. Même s’ils ne pouvaient pas l’entendre, Crane laissa éclater sa rage sans même s’interroger sur la raison de leur irruption ici :

" Il est interdit de pénétrer ici ! Vous pouvez être sûr que je vais vous faire virer bande de minables ! "

Puis il se retourna inquiet vers Linda. Crane tournait le dos à la porte et ne remarqua pas que Poison Ivy était juste à l’entrée de la pièce et qu’elle pouvait l’observer et l’entendre de façon très claire.

Linda Axis était pelotonnée dans son lit, Jonathan s’assit près d’elle, le visage affecté. Elle fut prise d’une quinte de toux et d’une suée soudaine, elle repoussa ses couvertures. Sa chemise de nuit voleta, Jonathan aperçut de nouveaux creux, de nouvelles zones de chair flasque. Il lui épongea le front avec la manche de sa veste. Elle fourra son visage contre son bras et l’embrassa affectueusement. Elle était inondée de transpiration, ses veines battaient ses tempes. Jonathan lui toucha ses lèvres de ses doigts, elle les mordilla aussitôt. Elle se toucha le ventre et fut comme prise d’un spasme, Jonathan reconstitua l’itinéraire de sa douleur. Il ouvrit aussitôt sa sacoche et prépara une seringue. Linda lui tendit son bras, Jonathan trouva une veine, la désinfecta et fit un garrot. L’aiguille, le piston, voilà.

Le temps d’une pulsation.

Elle se raidit et s’apaisa, ses paupières battirent, elle tomba dans l’inconscience. Jonathan prit son pouls, son bras ne pesait presque rien. Le Gotham Globe sur la table de nuit à côté était ouvert, il montrait une photo de manifestants verts harangué par Isley. Crane maussade, referma le journal pour la faire disparaître puis il regarda Linda dormir avec mélancolie avant de se pencher pour embrasser ses lèvres.

Il sentit la présence en un éclair et se retourna subitement. Il vit Pamela Isley sans arriver à y croire, c’était elle, le même visage, mais en même temps ce n’était pas elle, un accoutrement totalement différent. Elle semblait être devenue quelqu’un d’autre. Pendant un instant il crut à une hallucination. Il jeta un regard nerveux à sa sacoche en songeant à prendre la seringue de Strychnine pour la lui planter dans la gorge puis se ravisa, ne pas montrer de résistance, seul chance pour ne pas qu’elle l’envoute de ses toxines comme ses autres victimes. Il regarda les deux gardiens inconscients à terre et réalisa le motif de leur irruption, la reine verte en personne. Il songea brièvement à se faire passer pour le médecin de la femme étendue à côté mais il réalisa que c’était inutile, il portait le même complet marron d’allure sinistre que dans le restaurant, même si son opposante découvrait son visage pour la première fois, elle l’avait reconnus à ses vêtements. Il ne pouvait rien faire.

Se levant en tentant de dissimuler sa gêne il se posta entre la reine verte et le lit comme pour faire rempart de son corps pour protéger Linda.

" C’est la sœur de Trevor, inutile de vous en prendre à elle, Linda est déjà morte, le cancer la ronge, elle n’en a plus pour longtemps, c’est cette usine qui l’a tué comme elle a tué nombre d’ouvriers avec ses vapeurs toxiques. Trevor l’a dissimulé ici car il en a honte, il ne veut pas que Gotham apprenne ce dont elle souffre, vous comprenez pourquoi ? C’est la tête de Trevor que vous voulez, pas elle, ne la tourmentez pas ! Il y a peut-être un moyen de s’arranger ? "
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Pamela Isley/Poison Ivy

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MessageSujet: Re: La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé]   La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé] I_icon_minitimeVen 27 Jan - 17:37

[HRP]J'ai un peu abusé sur la fin, niveau grandiloquence ^^. Donc sens-toi libre de casser les plans d'Ivy de façon brutale Wink[/HRP]

Un trentenaire au teint sombre, les joues grignotées par une barbe naissante, apparut derrière les doubles portes coulissantes, un café fumant en main. Sa casquette de vigile mal placée sur son crâne lui donnait un air ahuri, en dépit de son front large et de son regard perçant. On l'avait engagé pour son acuité visuelle légèrement supérieure à la moyenne (douze dixièmes à chaque œil), ainsi que pour ses états de service irréprochables. Cependant, prit à froid et par surprise, cet individu ne se comporta pas mieux que le quidam lambda. Alors qu'il parvenait à destination, le veilleur releva son nez en trompette de son gobelet en plastique, et sous le choc, lâcha le liquide pourvoyeur de précieuse caféine. Lequel va s'écraser sur le sol de la cabine en un claquement sec. Le plastique cède à l'impact, éclaboussant les chaussures usées du trentenaire dont les pupilles cerclées de gris se dilatent.

Il ne sait plus si son nom est Toby ou Tony. Ce gars lui avait offert une bière lors d'une soirée au bar, à la fin de leur service. Mais pour l'heure, aucune convivialité n'émanait de ses orbites flasques. Un sourd râle inarticulé s'échappait par intermittence du gouffre noir qu'était sa bouche, charriant une fragrance étonnement sucrée et douceâtre pour un fumeur invétéré. Les bras à l'horizontale, des mouvements saccadés, son collègue ressemblait terriblement à un mangeur de chair humaine d'outre-tombe. Trop pour qu'il soit en train de jouer la comédie. Toutes ces déductions mirent moins d'une seconde à se faire dans le cerveau électrisé du gardien, qui eut le temps d'apercevoir la femme au second plan. Dans le contexte d'une nuit avancée, et se tenant derrière un automate décérébré, sa tenue laissant peu de place à l'imagination et ses courbes appétissantes perdaient en attrait pour la parer d'un aura de tentation malsaine. Cette rousse tout en vert était trop attirante, trop séduisante pour que cela ne cache pas un piège au moins aussi mortel que l'étreinte de fer offerte par son esclave lobotomisé. Obéissant à son instinct comme jamais auparavant, l'homme aux yeux gris se jeta dans une interstice juste assez mince pour son torse. Roulant sur lui-même (une acrobatie qu'il n'avait jamais réussie), le veilleur se remit sur pied tout en accélérant, courant à toute volée en suivant un itinéraire erratique.


« Ramènes-le moi ! » Exigea une voix féminine, ce qui eut pour effet bénéfique de doper les muscles du fuyard en cortisol. L'hormone, inhibant toutes les fonctions jugées inutile au maintien de l'intégrité physique de son hôte, détourna toute l'énergie corporelle vers les membres inférieurs et les poumons. Finit la réflexion, finit la digestion, seule comptait la survie. Et alerter, aussi. Avec le peu d'air que ses quadriceps ne consommaient pas, il hurla d'une voix forte mais qui s'épuisait vite des appels à l'aide à la cantonade.

Tu as bien fais de détaler, mon grand. Poison Ivy est une femme fatale, et tous ceux qui s'opposent à son verdit connaîtront une fin aussi délicieuse qu'irrémédiable. *

En observant le courageux disparaître de son champs de vision, Ivy ressentit pour la première fois l'ivresse de la supériorité mal acquise. Elle avait lu l'effroi sur le visage de cet homme aux cheveux noirs, avait apprécié d'en être la source, et se serait amusé à jouer avec les nerfs de ce mâle si il ne lui avait pas faussé compagnie d'aussi bruyante manière. Sans se presser, l'Empoisonneuse marcha à la suite des deux hommes, détaillant le couloir dans lequel elle se promenait illégalement, et sans que l'on soit en mesure de l'en empêcher.

Inutile de se fatiguer pour si peu... Mon serviable guide n'aura aucun mal à rattraper un lapereau terrorisé, puisque contrairement à ce dernier, lui ne ressent pas les affres de la fatigue. *

Ce qui pouvait s'avérer être un effet à double tranchant. Si un homme envoûté se retrouvait en situation d'exercice physique intense prolongé, il s'écroulerait, mort d'épuisement, sans jamais songer à faire la moindre pose, même à l'article de la Mort. Ce qui handicapait surtout la victime, mais également la biologiste, dont les servants demeuraient précieux. Elle ne pouvait se permettre de sacrifier à tour de bras des serviteurs drogués, car chacun demandait un minimum d'astuce et d'effort pour être charmé.

Je crois qu'un second protecteur ne serait pas superflu. Qui plus est lorsque l'occasion est aussi belle ! Je n'aurai qu'à me pencher pour souffler toute velléité de résistance dans la cervelle de moineau de ce poltron et m'assurer les services d'un pion supplémentaire. * Raisonna la séduisante militante, un index sur le menton, en s'avançant d'un port altier dans l'antre de son ennemi, se laissant guider par le vacarme tambourinant de pas précipités et de portes ouvertes avec empressement.

Lorsqu'une voix inconnue mit fin aux jérémiades du vigile, Pamela commença à moins savourer sa petite visite en usine. Ne distinguant que la hargne qui animait le locuteur anonyme (et dont le timbre lui évoquait un souvenir), la botaniste en bottines s'empara d'un de ses projectiles toxiques, qu'elle leva à hauteur de tête, coude plié pour se préparer à lancer la bombe fumigène. Elle se colla précautionneusement au mur,utilisant un coude du couloir pour rester hors de vue de l'homme conspuant les deux employés innocents de tout crime. La langue lissant l'intérieur de sa joue, l'éco-terroriste compta mentalement jusqu'à cinq avant de sortir brièvement les yeux de sa cachette. Une image partielle d'un individu en costume marron lui tournant le dos s'imprima sur sa rétine. Recomptant jusqu'à cinq, elle se risqua à se dévoiler un peu plus, la main gauche toujours porteuse de son unique moyen de défense. L'homme s'éloignait d'elle pour se diriger vers le centre de la pièce, invisible sous son angle d'observation. Regrettant d'avoir mis des talons pour cette sortie, Ivy marcha à pas de loup, priant à chaque centimètre gagné pour que ses chaussures ne la trahissent pas. Contre toute attente, infiltratrice débutante atteignit l'encadrement de la porte sans encombre, ne révélant à aucun moment son approche. Méfiante, nerveuse de se tenir si près d'un potentiel adversaire, son regard d'émeraude se posa presque immédiatement sur les deux vigiles hors-combat. La vision lui arracha un rictus, tandis qu'elle se résolvait à faire une croix sur son chevalier servant.

Avisant ses environs, la reine verte reconnut l'atmosphère lugubre et aseptisé d'une chambre hospitalière, ou tout du moins une réplique de bonne facture. Y manquaient une fenêtre donnant sur l'extérieur, remplacée par un couple de néons fixés au plafond, ainsi qu'un bouton d'appel d'urgence. L'unique table de la pièce soutenait une sacoche volumineuse d'où s'échappaient des seringues sous blister, des rouleaux de gaze et plusieurs flacons à l'opercule intact. Une minuscule table de chevet prolongeait le lit aux draps blancs central, sur laquelle trônait un exemplaire du Gotham Globe. Le détail ne choqua pas Ivy, en dépit du fait qu'une télévision éteint se trouvait expressément branchée dans la chambre.


Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? Une cellule pour employé peu performant ? Un laboratoire où sont testés les effets néfastes des produits chimiques déversés ? * Envisagea successivement l'observatrice silencieuse en défiant du regard la seconde femme présente.

Maladive, elle ne tenta pas d'avertir son vis-à-vis de l'arrivée d'une jeune femme aux vêtements détonants et armée d'un projectile manufacturé, se trouvant prise d'une crise de toux avant de s'agiter, les membres crispés. Comprenant de moins en moins ce qui se tramait, la criminelle observa l'homme (brun) s'affairer dans l'urgence, luttant contre les spasmes musculaires, témoignant de ci de là de fugaces marques d'affection pour la jeune femme. D'un geste précis, il effectua une injection, visiblement
in extremis, pour éviter à sa patiente de trépasser.

Qui que ce soit, il vient de sauver une vie. Un homme fondamentalement bon, donc. * Déduisit de son observation Pamela en rangeant sa bombe, soudainement moins inquiété par le médecin anonyme.

Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule dénudée, l'Empoisonneuse posa une main délicate sur la poignée de la porte, qu'elle ferma très, très lentement afin de se retrouver seule avec le personnel soignant. Un allié inespéré dans sa joute contre la pollution et ses ouailles se tenait peut-être à portée de voix. Il suffisait de prendre une précaution d'usage, et d'engager le dialogue... Un éclat de compassion teinta ses prunelles maquillées lorsque le docteur vint embrasser son aimée alitée, geste de prude réconfort pour celle qu'il chérissait.

Clic

La porte vint embrasser son embrasure sur un unique claquement plus ténu qu'un pas de souris. Plus vif qu'un serpent, l'homme pivota sa tête, faisant craquer ses cervicales, et planta un regard stupéfait sur la sinueuse silhouette s'offrant à lui. Prenant le temps de constater la précarité de sa position, il parut reconnaître Pamela derrière son masque, ce qui ne manqua pas de faire courir sur la nuque de la belle un frisson. S'étaient-ils rencontré auparavant ? Pour donner le change, l'activiste secoua sa crinière flamboyante, souriant avec assurance à son futur interlocuteur, qui se redressa. Comme un rapace étirant le cou pour lorgner sur une pièce de viande potentielle. L'extension fit s'effacer les plis du costume marron de ce soignant sec et dégingandé. Un sentiment de déjà-vu s'empara de la protectrice des plantes, ravivant son impression de familiarité. En baissant transitoirement son regard, elle fit disparaître de son champs de vision le buste de cette énigme vivante, et son cerveau parvint laborieusement à effectuer un rapprochement. Toute compassion s'échappa du corps de l'intruse en un claquement de doigt, et sa main vint dégainer une fiole de gaz.


A ce que je vois, le larbin d'Axis a également des penchants pervers... Profiter de la faiblesse d'une malade pour combler ses pulsions, c'est tout bonnement répugnant ! A moins qu'elle n'ait été droguée, puis amenée ici pour divertir les hommes de main de Trevor ? * Se mit à penser la féministe endurcie, oubliant d'une traite la conclusion de ses précédentes déductions.

Le mercenaire n'amorça aucun geste, ayant visiblement compris qu'il risquerait gros à vouloir faire de la résistance. D'autant plus que pour cet individu en particulier, la plantureuse rousse n'hésiterait pas à commettre l'irréparable. Un laquais s'amusant à venir menacer des manifestants pour le compte d'un riche PDG d'entreprise sans foi ni loi ne méritait pas de seconde chance. La peine capitale devait nécessairement lui être appliquée, afin de l'empêcher de nuire à l'avenir. Quoi qu'il dise ou fasse, ce médecin du dimanche décéderait dans les minutes à venir.
Jouant le tout pour le tout, le condamné vint faire barrière de sa squelettique anatomie pour protéger la malade sédatée. S'attendant à n'importe quoi, sauf à un acte aussi altruiste, Pamela, désarçonnée; laissa l'homme s'expliquer. D'une voix déterminée, il déclama un magnifique plaidoyer en faveur de l’acquittement de sa cliente, qui de toute façon ne figurait pas sur la liste de Poison Ivy. Grand bien lui fit cependant de prêter attention aux dires du spécialiste des hallucinogènes.


Axis, espèce d'ordure ! Immonde lâche, pauvre fou ! Tu empoisonnes ta pauvre sœur, et ne trouve même pas le courage de faire face à ta culpabilité ! Tu la jettes dans un placard poussiéreux en fermant à double tour ! Je ne m'attendais pas à une telle bassesse, même venant d'un sale porc bouffi de suffisance tel que toi. Qui pourrait encore vouloir te laisser en vie en sachant cela ?  * Fulmina l'écologiste au paroxysme de sa haine envers le PDG de l'usine.

Un glapissement estomaqué lui échappa des lèvres, tant son sang bouillonnait en elle. Et le comble de son volcanisme interne fut atteint à l'audition de l'offre d'entraide que lui proposa ce croque-mitaine de pacotille.


« Que nous nous arrangions ?  Répéta d'une voix blanche la criminelle, se sentant profondément insultée par cette seule hypothèse. Je pense être la seule en poser ses conditions, dans cette pièce. Vous, l'agent de terrain amoral, vous n'avez pas votre mot à dire, et encore moins pour avancer des postulats aussi niais ! Après ce que vous avez fait, le minimum serait de vous taire !  Avertit l'Empoisonneuse d'un ton cassant et sec. Se considérant tout à coup largement plus noble et méritante de lutter pour une cause décente, elle n'aspirait qu'à en finir avec l’outrecuidant à lunettes. Une détente du bras, une contraction du triceps, et un nuage toxique engloberait le mercenaire de gaz asphyxiant. Mais il y avait la bienveillance avec laquelle il s'était occupé de Linda. Ivy ne sut quoi en penser. Sa rancœur lui soufflait d'y voir le simple assouvissement d'une envie sexuelle, mais le reste de sa psyché y devinait plus une réelle implication. Le hasard l'avait-il amené à apprendre quel était le sort épouvantable de cette femme, qu'il avait voulu aider, au prix de se lier par contrat au Diable en personne ? Je ne ferai jamais confiance à un profiteur de votre engeance. Vous aviez sous les yeux la preuve vivante et manifeste de la culpabilité de votre employeur, et malgré ça, vous avec continué à lui obéir sans sourciller. Vous aimez Linda, je le vois bien. Alors j'ignore si c'était pour passer les derniers jours qui lui restaient à ses côtés, ou en croyant lui rendre service, mais jamais une femme ne vous aurait demandé d'étouffer un secret menaçant de coûter la vie à d’innombrables victimes pour son simple confort. Oui, elle est innocente, totalement innocente, et je ne lui ferai aucun mal. C'est une victime es attrocités de son frère, et il payera pour ça. Mais vous... Elle ne termina pas sa phrase. La rousse aurait souhaité ne pas se poser de question, et se contenter de tuer son interlocuteur. Hélas, elle ne pouvait s'y résoudre. Son intuition lui soufflait de ne rien en faire. De plus, le temps filait. Elle devait mettre en place son piège avant le lever du jour, impérativement. Mais avant ça... Son ego enflammé ne résista pas à l'envie de se livrer à un laïus de son cru. Vous mériteriez que je vous tue ! Lâcha l'éco-terroriste d'une voix âpre, en abaissant néanmoins lentement son bras. Et c'est ce qu'aurait fait un homme sans scrupule comme Axis. Mais, par chance pour vous, je ne suis pas comme lui. Parce qu'en tant qu'émissaire de Dame Nature, je peux m'affranchir des règles des Hommes, pmais pas celles édictées par la Terre. J'ai le devoir de me montrer meilleure que les humains, en accordant une valeur à la vie, car le but que je poursuis me place au-dessus de leur condition et de leur prédilection pour la violence. J'ai trouvé en moi une force qui m'anime et me fait dépasser les limites imposées aux mammifères. Vous avez devant vous celle qui va faire renaître le règne végétale à Gotham, et son nom est Poison Ivy ! » Claironna-t-elle d'une voix forte et transportée.

Reculant en gardant en vue le médecin en costume, la criminelle informa, d'un ton convaincu et autoritaire :


« Je vais vous laisser dans cette charmante pièce, en faisant en sorte que vous ne puissiez vous en extraire. Il serait donc malvenu de tenter d'en sortir tout de suite... Je préfère vous savoir bloqués dans une salle sans moyen de communication pour le moment. Cela limite les risques de voir ma mission compromise. Contentez-vous d'attendre qu'on vienne vous délivrer, ça ne devrait pas prendre plus de quelques heures. Vous n'aurez qu'à "flirter" pour vous divertir ! Plaisanta la locutrice en se permettant un clin d’œil narquois. Quant à moi, je n'ai que trop tardé. Le devoir m'appelle ! » Lança la militante verte en disparaissant derrière la porte.

Se saisissant d'une bombe toxique, elle bloqua la sphère en haut de l’entrebâillement, afin que la moindre ouverture décoince l'engin de mort, qui viendrait intoxiquer tout individu prit dans le champs d'action. Sa sécurité installée, elle décampa dans le couloir sombre à grandes enjambées, sa chevelure flottant au gré de ses mouvements. Les quatre projectiles et le tazer à sa ceinture constituaient un poids rassurant sur ses hanches, au moment où elle réintégra le corridor en T menant à l'ascenseur. Ce n'est qu'une fois là que l'activiste regretta de ne pas avoir récupéré une torche sur l'un des gardes. Se sentant stupide, elle se frappa le front du plat de la main.


Non mais quelle idiote je fais ! On croirait rêver. Pamela, tu es sotte, sotte sotte sotte !  * Se reprocha-t-elle en oubliant momentanément d'avoir l'air séduisante et dangereuse.

La personnalité civile du docteur Isley menaçait de reprendre le pas sur la reine verte, qui regarda bêtement l'ascenseur en se sentant tout à coup très déplacée dans le décor. Elle, pauvre petite laborantine en costume, se trouvait quelque-part au septième étage d'un vaste complexe industriel, et ce dans la plus complète illégalité. Les deux gardes neutralisés seraient portés à son crédit (en dépit du bon fond du médecin à lunette, elle doutait de le voir assumer cette responsabilité), ce qui achèverait de la plonger dans les ennuis. Le regard vide et inexpressif, l'Empoisonneuse eut soudainement envie de baisser les bras, et de rentrer chez elle. Son lit et sa petite vie tranquille lui manquèrent terriblement, et elle se prit à souhaiter ne jamais être venue au siège d'Axis Chemicals.


* " Linda est déjà morte, le cancer la ronge " *

La voix honnie lui revint en mémoire, ravivant la détermination d'Ivy. Redressant l'échine, elle écrasa son poing ganté sur le bouton d'appel de l'ascenseur, et inspira à fond pour chasser le reste de son passage à vide. Elle n'était une pauvresse qui jouait à se faire peur en allant embêter un magnat de la pollution, elle était une protectrice de l'environnement. Son audace ne connaissait pas de frontières, et nul ne devait s'opposer à sa progression sans en subir les conséquences. Les portes s'ouvrirent, autorisant une criminelle à l'assurance ressuscitée à pénétrer en leur sein. Faisant volte-face, la biologiste enfonça franchement la touche du dernier étage, où, comme tout mégalomane qu'il était, Trevor Axis devait avoir fait bâtir son bureau. Flamboyante, droite et prête à en découdre, l'intruse laissa l'ascenseur l'avaler, avant de se sentir tractée lentement en direction des strates supérieures. Durant l'entracte, elle vérifia sa mise, lissa sa tenue et ses gants, puis déglutit et expira lentement par la bouche. Un tintement précisa son arrivée à bon port, au moment où une question gênante assombrit l'humeur de la terroriste.

Ce genre d'ascenseur est souvent équipé d'une caméra, maintenant que j'y pense...  *

S'extirpant de la cabine comme si elle eût été en feu, la demoiselle en vert tournoya sur place, constatant que la zone ne bénéficiait d'aucun éclairage. Seule dans les ténèbres, son imagination se mit à lui jouer des tours, transformant le moindre fauteuil en silhouette humaine, et le moindre bruit en détonation. Patientant jusqu'à ce que sa vue s'accommode à la noirceur, la jeune femme vit son champs de vision se parer de nuances de gris à mesure que les détails du dernier étage émergeaient devant ses yeux émeraudes. Sur sa droite, un bureau de standardiste et une chaise balisaient l'emplacement d'une secrétaire (qui devait probablement son poste à la blondeur de sa chevelure et à une chute de rein plaisante), tandis que le reste du décor se composait de tableaux suspendus à intervalles régulières et de canapés confortables où l'on pouvait s'asseoir le temps que le PDG daigne nous recevoir. Une table basse recouverte de périodiques à la couverture de papier glacé proposait aux invités une saine distraction, tandis qu'à gauche, un distributeur d'eau (on devait en trouver un part étage, à la sortie de l'ascenseur) bullait gentiment en finissant sa nuit.

Plusieurs portes jalonnaient ce qui ressemblait à un large couloir haut de plafond. Considérant qu'il lui fallait presser le mouvement qu'elle ait été repérée ou non, Ivy se hâta de passer devant les pièces closes, s'appuyant sur les plaques descriptives pour trouver le bureau qu'elle visait. Sa recherche ne donna aucun résultat probant dans la première portion du couloir, qui possédait deux bifurcations vers la droite espacées de vingt mètres. La seconde desservait une pièce unique, dont la chambranle s'ornait d'un
Bureau du PDG Trevor Axis. De la porte close filtrait une mince raie de lumière jaunâtre et un son mélodieux étouffé.

Pressant doucement l'oreille contre la cloison, la séduisante rousse crut distinguer un vieil enregistrement d'une chanson (Espagnole ? Italienne ? Difficile à dire pour la non-initiée) diffusé à un volume modéré, mais aucun bruit indiquant la présence d'un être humain. Ne sachant pas pour quelle raison on laisserait allumé un appareil diffusant de la musique en pleine nuit, et dans une usine, la frêle silhouette prit son courage à deux mains, entrebâilla la porte et embrassa la pièce du regard. L'éclairage cru et chaud l'éblouit, et elle retint à grande peine un grognement de gêne. Une main en visière pour faciliter l'adaptation, l'Empoisonneuse remarqua d'abord le désordre ambiant, théâtre ou d'affrontements violents ou d'un ravalement de façade pour le moins original. Débris de verre, trous dans les murs, mobilier malmené... Une tornade s'invitant dans le bureau aurait laissé plus d'ordre. Appuyée contre un pan de mur miraculeusement intact, une batte de base-ball truffée de pointes apportait un début de piste pour comprendre ce qui s'était passé. Constatant l'absence manifeste d'occupant, Pamela repoussa la porte, Mario Lanza en fond sonore, et fit trois pas supplémentaire. Pour se figer nette.

Avachi sur un large canapé éventré dont le rembourrage avait voleté dans la pièce, un homme d'une bonne quarantaine d'années et au visage carré fixait l'apparition avec de grands yeux ronds. Rouge, les pupilles dilatées et vitreuses, il tenait d'une main incertaine un verre presque vide contenant un liquide ambré. Une bouteille (ou ce qu'il en restait) lui montrait fièrement son meilleur profil, celui où une étiquette clamant
Pure Old-fashion made était accolée. Un ange passa, sans que ni l'un ni l'autre ne réagisse. Puis Dick Ashcroft jeta un regard désapprobateur au spiritueux, avant de ronchonner d'une voix grasse et molle:

« Bordel de c*l ! Là, j'crois qu'j'ai vraiment trop picolé, faut qu'j'arrête le whisky. V'là que j'me mets à voir des strip-teaseuses maintenant. »

Souriant malicieusement, la belle et bien présente criminelle n'en crut pas ses oreilles. Elle venait de tomber sur une mine d'information sans défense, qu'il ne lui restait plus qu'à rendre docile et obéissante pour se faciliter la tâche. D'une allure gracieuse et volontairement "avantageuse pour le spectateur", la plantureuse inconnue isola sa victime du reste du monde en refermant la porte sans attendre, venant ensuite se poster face au blond alcoolisé, qu'elle dévora du regard, les mains sur les hamches.

« Remarque, j'l'ai sacrément bien imaginée, cette pét***e ! Bien foutue, et elle a même des accessoires. En plus, j'adooore les rouquines ! » Se congratula l'inconscient en relâchant ses muscles. Anticipant sur ce qu'il pensait être la suite, il défit son pantalon maladroitement, encouragé par l'expression complice et aguicheuse de sa vision née d'un surplus d'éthanol dans le sang.

Négligemment, il jeta le verre et son contenu dans un tas de gravats, tandis que l'enchanteresse glissait à sa rencontre, le noyant littéralement dans un océan de verdure et de douceur qui fit perdre la tête à Ashcroft. Extatique, toute prudence et méfiance envolée, il se précipite, lèvres tendues en avant, pour voir si son cerveau déraillant ira jusqu'à reproduire la sensation physique du baiser. Un index fin et frais lui barra la route, causant une déception passagère plus vrai que nature de part sa tiédeur, la texture lisse du cuir l'entourant et l'odeur imperceptible de femme qui en émanait. S'adressant à l'homme comme à un enfant impatient, elle pondéra ce dernier :


« Aha, pas tout de suite. D'abord, je veux que tu répondes à une petite question. Ensuite, je ferais de toi un homme comblé. Promit Ivy en jouant avec les cheveux de sa proie hypnotisée. Adoucissant sa voix à l'extrême pour être certaine d'obtenir une réponse rapide, elle demanda Où est Axis ? »

D'expérience, elle savait que les puissants fêtaient à l'occasion une victoire en stimulant leurs hépatocytes. Mais il était rare que cette débauche se fasse en solitaire. Si le blond s'avérait n'être qu'un buveur désœuvré, il mourrait tout aussi seul dans un nuage de dichlore. Mais si Trevor se trouvait toujours dans les parages...

- L'est parti pisser. Maugréa Dick d'un ton absent en se rappelant qu'un autre homme voudrait profiter de cette call-girl, avant de rajouter avec un rictus déplaisant et lubrique. Mais d'toute façon, comme t'existes pas vraiment, y viendra pas m'piquer ma donzelle !

Tremblant de désir, le lobbyiste tâtonna pour trouver les attaches retenant le bustier de sa voluptueuse hallucination, qui prit les devants en lui immobilisant le visage des deux mains pour l'embrasser. Opposant une résistance inexistante, les yeux du quadragénaire roulèrent sur eux-même, et il s'effondra dans un bruit mou. Le cumul de l'hypnotique et de l'alcool contraignirent son cerveau à débrancher la prise le temps d'évacuer les toxines. Un amas de chairs flasque et blondes bava inutilement sur le reste de canapé, laissant à une Pamela exaltée toute latitude pour s'organiser. Elle avait conquis le bureau du chef des troupes ennemies,s'était débarrassée de son garde de pacotille, et tenait dès à présent une chance de décapiter les industries Axis. Tournoyant dans la salle détruite, Ivy se sentie plus vivante et puissante que jamais, à tel point que plutôt que d'aller simplement tuer sa cible dans les toilettes, elle résolut de se montrer plus dramatique et sadique. Oui, ce sale monstre fratricide périrait de la main de l'envoyée de la Nature, mais ce serait sur sa demande exprès. Un baiser, quelques phrases pour le soumettre à sa volonté, et la reine verte exigerait de son esclave qu'il la supplie de mettre fin à ses jours. Une mort grandiloquente, pleine de tragique et de justice. Signée par la seule et unique militante écologiste capable de vaincre en ne faisant que l'Amour, et pas la Guerre.

Haaaaaa... J'ai tellement attendu ce moment !  * Savoura la sociopathe belle en diable, avant d'entendre l'écho lointain de pas s'approchant du bureau.

Sûre et certaine que la victoire lui était acquise, l'Empoisonneuse vint se coller à l'angle mort de la porte, de sorte que cette dernière la dissimulerait en s'ouvrant. Ainsi, Trevor Axis (probablement aussi ivre que son compère) ne la découvrirait qu'au tout dernier moment. Quand il sera devenu trop tard pour lui de fuir...
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MessageSujet: Re: La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé]   La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé] I_icon_minitimeDim 29 Jan - 6:44

[HRP: désolé de t'avoir forcé la main dans mon post, mais je pense que quoi qu'il se passe, on en serait quand même venue à cette fameuse situation finale Twisted Evil Halloween ]

Il eut du mal à dissimuler son inquiétude en écoutant les paroles de la Reine verte. Mélange entre mise à l’index pour son comportement avec la sœur d’Axis et baratin vaniteux écolo. Lorsqu’elle fut partie, il vint s’assoir dans un coin de la pièce, dos au mur, les jambes ramassées sur lui-même, ses genoux touchant son menton. Il observa Linda en train de dormir sur son lit. Puis après quelques instants, sortis son biper interne au personnel de l’usine et appela un gardien pour qu’il se rende dans la chambre, à peine avait-il ouvert la porte qu’il se prenait le projectile dissimulé en piège par l’autoproclamé « Poison Ivy ». Etouffé par le gaz, il tomba à terre et rampa en suffocant, Jonathan lui colla son pied dans la tête pour l’assommer avant qu’il ne se relève asservit par les toxines d’Isley. Puis fouillant calmement dans sa sacoche, il en sortit un gant de maille sur lequel était accroché 5 seringues hypodermiques avec des aiguilles longues, chacune s’ajustant parfaitement à ses doigts. Il sangla l’arme de l’Epouvantail sur son avant-bras puis ajouta à l’attention de Linda endormie :

" Je reviens après, juste une consultation de dernière minute pour une patiente intempestive. "

Poison Ivy était venus pour tuer Axis, il n’y avait aucune autre raison à sa présence ici. Crane se rendit donc au bureau du directeur de l’usine sans tarder. Il entra dedans avec son allure improbable qui affichait son costume brun sans envergure sur son physique efflanqué et son assortiment effroyable de seringues attachés à sa main droite. Il jeta un coup d’œil à Ashcroft en train de dormir sur le canapé détruit. Isley n’était pas là mais lui oui… Crane sourit, il avait enfin l’occasion d’être seul avec le détestable lobbyiste qui lui avait pris la tête ces derniers jours avec ses conférences barbantes sur la menace écolo et ses grands discours fanatiques. Crane lui pinça le nez de sa main gauche et compta lentement jusqu’à 10 dans sa tête. A 9, Ashcroft sursauta brusquement et se réveilla. Crane lâcha ses narines et pressa sa main sur sa bouche en clouant sa tête contre le canapé.

" Doucement, doucement… "

Murmura-t-il sur un ton particulièrement glauque tout en le piquant avec la seringue de son annulaire. Il administra à Dick, deux sous-cutanées, une dans son bras gauche, l’autre dans son pectoral gauche. Le corps du lobbyiste fut en proie à un tremblement qui l’agitait des pieds à la tête.

" Crane ? Que faîtes-vous ! je… je… je ne sens plus mes pieds ! "

Il avait une voix rauque et déraillée. Crane sourit et injecta d’un coup avec la seringue de son pouce, une dose de 30 centimètres cubes de penthotal sodé dans la jointure de son coude. Dick suffoqua et commença à rire. Crane lui avait injecté un élixir de vérité encore plus efficace qu’un détecteur de mensonge.

" C’est toi qui a convaincu Trevor de t’engager, pas lui, pourquoi ? "

Ashcroft gloussa, il avait le regard vitreux.

" C’est Roland Daguett qui m’a envoyé à lui secrètement, il va faire raser un quartier entier de taudis pour ériger une autre usine, si Axis Chemicals tombe son projet est menacé. "

Sous l’influence de la dose massive de narcotiques que lui avait injectés Crane, Dick se mit à pousser des rires aigus, à se trémousser sur le canapé et à agiter ses mains en l’air au-dessus de sa tête. Crane le gifla violemment en pleine figure. Dick se prit la tête entre les mains et se recroquevilla sur le canapé en position fœtale. Il se mit à gémir :

" Et Daguett ne voulait pas seulement protéger Axis, il voulait faire tomber politiquement la Reine Verte, dans 3 mois il va faire raser plus de 80 hectares de forêt en bordure de Gotham, elle aurait pu menacer le projet avec ses manifestations. "

Crane lui enfonça deux seringues en même temps dans sa gorge : son propre concentré de gaz paniquant mélangé à de la tétracycline. Dick ne se réveillerait plus jamais avec sa raison, il allait finir à Arkham dans une cellule capitonnée à la plus grande joie malsaine de Crane. Il se releva content de lui pour revenir vers la porte et un cri monta du tréfonds de sa gorge lorsqu’il vit Poison Ivy posté près de celle-ci. Cette fois alors qu’il la surprenait à nouveau posté en embuscade derrière lui, il avait son arme d’Epouvantail prête à servir, ce qui changeait du tout au tout. Aussi il n’hésita pas une seconde et se jeta violemment tête la première à travers le buste d’Isley. En tombant, il tenta de la frapper avec sa main pleine de seringues mais manqua son coup. Au bord de la panique, il enfonça la seringue de son petit doigt dans son épaule tout en lançant une exclamation de victoire pendant que le corps de l’empoisonneuse se raidissait foudroyé par son liquide incapacitant. Elle était immobile au sol, à sa merci. Crane saisit une ampoule dans sa veste et la perça de l’aiguille de son index dans le bouchon en caoutchouc poreux pour recharger l’une de ses 5 seringues. Crane passa en souriant sa main dans sa chevelure rousse pour lui caresser les cheveux.

" Vous n’aurez pas mal, je vous rassure."

Susurra-t-il sur un ton bienveillant mais avec une note malsaine. Tout en caressant ses cheveux il effleura le dos de son oreille gauche du doigt. Il repéra une veine qui palpitait. Utilisant la paume de sa main comme un garrot, il pressa la veine puis planta son index-seringue. Un jet de sang jaillit et le liquide s’écoula dans la tête d’Isley pour qu’elle sombre dans le sommeil.

Crane se releva triomphant et prit son biper :

" Sécurité ! Intruse dans le bureau de la direction ! Je l’ai neutralisé, venez-vite, elle a neutralisé des gardiens à un autre étage et elle a martyrisé Dick Ashcroft qui sembla avoir perdus la raison. "

Crane quitta le bureau en laissant le corps immobile d’Isley derrière lui. Il n’en revenait pas de l’avoir eu en si peu de temps, une chance qu’elle ait décidé de se jeter dans la gueule du loup en s’infiltrant illégalement dans les locaux à la nuit tombée.

Crane après s’être débarrassé de son gant de seringues d’Epouvantail, se rendit dans la partie de l’usine où Axis se livrait à une petite fête costumée décadente avec tous ses cadres supérieurs. On avait redécoré un entrepôt de bidons toxiques pour servir de salles de danse. On avait ajouté une statue de Trevor et des photos de lui sur les murs. Les serveurs qui charriaient les hors d’œuvres étaient costumés. A côté de la piste de danse, un quartet engagé au rabais faisait une musique médiocre. Crane passa à côté du trompettiste en se bouchant les oreilles. Au milieu de ces gens déguisés en Dracula, Zorro et autre, il faisait figure d’excentrique dans son costume brun. Il se planta devant une porte solidement gardé par deux agents de sécurité. Ils le laissèrent passer pour aller voir Trevor. Crane leva les yeux au ciel dégouté en observant Trevor et sa suite. Ils se regardaient un film en riant à gorge déployée. Un projecteur amateur était braqué sur un écran escamotable, plein cadre sur le maire Hamilton Hill. Il était gras, nu et en extase. Il s’accouplait sans le son avec une prostituée. Grésillements, parasites, rayures sur la gélatine, des perforations, des numéros d’identifications. Il s’agissait d’un film de surveillance réalisé sous le manteau avec un objectif qui déforme, probablement pour faire chanter le maire qui ignorait qu’on l’avait suivi à son insu lorsqu’il se procurait des femmes. Le maire avait gardé ses chaussettes, la prostituée portait des bas. Le matelas se creusait, le maire pesait son poids, sa partenaire aussi. Un cendrier rebondit sur le lit, des mégots s’éparpillèrent et volèrent. Crane posa sa main sur l’épaule de Trevor et lui chuchota :

"Pamela Isley s’est infiltré ici pour vous nuire, je viens de la capturer, elle est désormais à votre merci. "

Axis éructa avec triomphe et se leva brusquement. Joyeux il balança un coup de pied dans le projo, les bobines volèrent, les images du film porno arrosèrent trois murs et s’éteignirent. Trevor renversa l’écran en criant de joie. Il bouscula Crane et sortit en courant.

" Enfin ! Je vais pouvoir m’en débarrasser définitivement ! "



Plus tard


Pas fâché de ne plus avoir à travailler pour Trevor, c’était un soulagement. Crane avançait dans le couloir en tenant fermement la valise remplit de fric que lui avait donné le directeur de l’usine tout en lui frappant amicalement l’épaule et en lui pinçant les joues ensuite. Il entra dans la chambre de Linda. Les lumières brulaient. Le support de l’intraveineuse et la poche de liquide étaient par terre. Le tube était encore attaché au bras de Linda Axis. L’aiguille à demi enfoncé, l’aiguille à demi sortie. Deux fioles vides sur la table de nuit. Du seconal et du dilaudid. Un petit mot :

J’ai honte de ce que tu fais pour mon frère, j’ai honte de ce que son usine m’a faite.

Jonathan s’assit près d’elle. Sa chemise de nuit était encore moite. Elle était morte en agrippant ses draps. Crane déplia ses doigts, libérant ses mains qu’il croisa sur sa poitrine.



Plus tard, juste avant l’apocalypse


Lorsque Pamela Isley sortit enfin du sommeil dans lequel l’avait plongé Crane et qu’elle ouvrit les yeux, voilà ce qu’elle put constater :

Elle était ligotée sur une chaise, assise face à l’extrémité d’une grande table de banquet placé sur le sol grillagé de l’usine, tout autours il y avait des cuves toxiques à n’en plus finir et au-dessus de sa tête des passerelles pour ouvrier et des câbles C’est dans cette atmosphère surréaliste qu’on avait disposé cette table avec une nappe blanche autour de laquelle s’attablait une dizaine de convives costumés : loup-garou, pirates, pompiers, masques d’animaux sur smoking, tous les déguisements les plus excentriques se côtoyaient dans cette espèce d’étrange parade monstrueuses. Ils engloutissaient tous caviar, foie gras et grand marnier sans prêter attention au réveil d’Ivy Trevor Trônait à l’autre bout de la table de banquet à l’exact opposé de Poison Ivy, il portait un smoking blanc avec un nœud papillon noir en soie et avait relevé sur sa tête son masque de renard grimaçant pour pouvoir manger.

" Ah ! Elle se réveille ! Ma chère, bienvenue à nos festivités, j’aime à convier mes partenaires, mes associés et mes employés les plus proches dans des sauteries costumées. Ravi de voir que vous portez vous aussi un déguisement, ainsi vous ne détonerez pas avec nous autres. Je dois dire que votre déguisement est fabuleusement séduisant et mets bien en avant vos formes. Avant que nous ne passions à la bisque de homard, vous allez me révéler ce que vous comptiez me faire en vous introduisant chez moi ! "

Trevor frappa violemment sur la table du plat des deux mains en renversant des coupes de champagnes. Les convives cessèrent de manger inquiet et leur regard allaient d’Ivy à Axis, chacun assis à une extrémité. Ils gardèrent un silence inquiet.

" Avant la fin de la nuit, vous allez subir le supplice que vous méritez petite garce, j’hésite encore : vous attacher à cette table et vous coller un entonnoir dans la bouche avant d’y déverser mes produits chimiques, ou bien vous suspendre par les pieds au-dessus de la grande cuve d’acide et vous regarder tremper dedans, j’hésite, j’hésite… "

Une nouvelle personne se joignit à l’assemblée. Tous les convives le fixèrent en train d’approcher avec un très très grand malaise. Il était vêtu d’une tenue affreuse mélangeant tissue de toiles tristes et morceaux de cuirs moches, le tout de couleurs brunes. Il portait un gant assortis de seringues sanglé à sa main droite et sa tête était un masque affreux munis d’un masque à gaz munis d’un capuchon lugubre sur son crâne. L’Epouvantail leur donnait à tous l’envie pressante de fuir la pièce à toutes jambes. Dans sa main gauche, l’être repoussant portait la valise pleine d’argent que lui avait donné Axis. Le directeur de l’usine se dressa inquiet et bafouilla apeuré :

" Mais qui êtes-vous ? Je vais appeler la sécurité ! "

L’Epouvantail lança sa valise en l’air, elle plongea en plein dans une cuve de produit corrosif. Quelques billets de banques s’en échappèrent et voletèrent autours du criminel en se consumant, lui donnant une aura des plus sinistres.

L’Epouvantail s’approcha de la table et deux invités s’écartèrent brusquement pour le laisser s’assoir avec une terrible crainte. Il prit place et retira son masque. Axis s’écria :

" Docteur Crane ! Mes compliments ! Votre costume est le plus réussit de tous ceux ici présent ! Vous m’avez vraiment fait peur ! Prenez donc du saumon fumé et servez-vous un verre ! Je suis heureux de vous voir vous joindre à nous. "

Crane avait les yeux trempés de larmes et ne voyait plus clair. Il eut du mal à contenir les sanglots dans sa voix.

" C’est la parade des monstres ce soir. Pour une fois nos vêtements absurdes et stupides ne sont pas hypocrites. Nous sommes des monstres et allons devoir en subir les conséquences. "

Les invités s’échangèrent des regards crispés et pas très sûrs. Crane pointa du doigt Poison Ivy.

" Elle a asservit des esprits, manipulée des êtres pour lui servir de chair à canon dans sa tentative vaniteuse d’attirer l’attention sur elle et de servir ses ambitions. "

Il fixa intensément Ivy.

" Doug Straffenbaüm est mort d’une façon atroce des mains de Trevor, c’est la seule fin que connaitront ceux dont tu supprimera toute volonté pour servir ton profit. "

Il se tourna vers Axis et le pointa du doigt :

" Tu as poussé ta sœur dans la mort après avoir tout détruit chez elle. Tu as semé la maladie dans la ville par rapacité."

Il porta ses deux mains sur son torse comme pour se désigner lui-même.

" J’ai moissonné l’horreur, nous sommes des monstres, tous autours de cette table, vous aussi bande de profiteurs inconscient qui servez Trevor. Je vais sombrer avec vous tous, à partir de maintenant, nous allons tous assumer nos aberrations car personne autour de cette table ne pourras échapper à ses pires peurs et elles, elles ne mentent pas. Ceux qui ont un esprit assez fort pourrons y survivre, les autres resteront fou à jamais."

Il monta sur la table sous les yeux ébahis de Trevor.

" Crane ! Qu’est-ce que vous foutez ! "

Jonathan jeta une grenade de son gaz hallucinogène qui provoquait peurs et paniques sur la table, les fumées se répandirent comme une trainée, infectant Poison Ivy, Trevor Axis, chaque invité et même Crane qui n’avait pas mis son masque pour se protéger. Comme il l’avait dit, il allait sombrer avec eux, seul façon qu’il avait trouvée pour expier le souvenir de Linda après avoir désintégrer le fric que lui avait fournis Trevor.



Cauchemar



Tout disparut autours de la table, tous ceux qui étaient présent avaient l’impression que tout était noir autours, comme s’ils étaient plongés dans un vide intersidéral. Seul restait la table, les assiettes, chacun et son costume. Et l’abomination commença. Des grimaces d’horreurs apparurent sur chaque visage. Du sang se mit à jaillir de la nourriture comme provenant d’une artère coupée à vif. La nappe blanche fut éclaboussée et fut complétement imbibé de rouges. Certains poussèrent des cris étranglés et eurent de violents mouvements de reculs dans un désordre indescriptible. Des insectes hideux parcoururent la table et rampèrent dans les assiettes. Axis hurla en voyant un œil humain dans son verre qui le fixait. Tout autour un bruit affreux de dents qui s’entrechoquait se fit entendre comme si quelqu’un dévorait quelque chose à côté. Mais l’Epouvantail était sans doute ce qui les intimidait le plus. Un liquide jaunâtre pourri s'écoulait de ses yeux. Il dégageait une odeur lourde et écœurante de plaie infectée. Puis ce fut toute la table entière qui se mit à se désintégrer.



Dans l’Abîme

L’Epouvantail se réveilla aux côtés de Trevor et de Poison Ivy dans une immense plaine de boue avec des arbres déracinés à n’en plus finir, à perte de vue des souches moisies et mortes, des branches pourries, une étendue sans fin de restes calcinés comme si toute vie avait disparu. Le ciel était cendré, un bruit interminable de machine industriel lugubre sortait du sol inondé par le mazout et les pesticides. Une terre dévastée de tout élément végétal.

" Où sommes-nous ? "

Questionna Axis.

" Dans son cauchemar vu l’allure des lieux. "

Et il pointa du doigt Poison Ivy.
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MessageSujet: Re: La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé]   La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé] I_icon_minitimeMar 21 Fév - 19:04

« Huuuuu... Ma tête. »

Un épais rideau de cheveux roux masquant son champs de vision, Pamela grimaça en découvrant la sourde migraine pulsative qui avait décidé de lui marteler le crâne. Nauséeuse et désorientée, l'Empoisonneuse fut éblouie par la violence d'une lumière s'infiltrant entre ses paupières gonflées, qui n'arrangea pas sa céphalée, loin s'en fallait. Entrouvrant les yeux à regret, elle dodelina de la tête en voyant des tâches floues tournoyer dans un kaléidoscope de couleurs ternes. Retournant dans la pénombre reposante de l'inconscience quelques secondes, Ivy inspira par le nez afin de s'aérer l'esprit et en dissiper les brumes cotonneuses. Il régnait dans l'air une épouvantable odeur de nourriture et de goudron qui aggrava sa nausée. Elle réalisa ensuite, sans trop savoir comment, qu'on l'avait installée sur une chaise de bureau bancale, et que ses mains se trouvaient ligotées dans son dos. La cruelle morsure du chanvre s'était depuis longtemps effacée, au profit d'une perte de sensibilité au niveau de ses membres supérieurs exsangues. Épargnée de la douleur par le manque de circulation sanguine, la botaniste tout de vert vêtue se força à ouvrir en grand ses paupières, dans le but de retrouver ses repères.

* Mais où suis-je ? * Se demanda la captive en plissant les yeux pour améliorer la mise au point de ses pupilles paresseuses. Une voix de ventre au timbre masculin, aussi puissante que désagréable à entendre, vint saluer le réveil de la "princesse" ligotée.

" Ah ! Elle se réveille ! Ma chère, bienvenue à nos festivités, j’aime à convier mes partenaires, mes associés et mes employés les plus proches dans des sauteries costumées. Ravi de voir que vous portez vous aussi un déguisement, ainsi vous ne détonerez pas avec nous autres. Je dois dire que votre déguisement est fabuleusement séduisant et mets bien en avant vos formes. Avant que nous ne passions à la bisque de homard, vous allez me révéler ce que vous comptiez me faire en vous introduisant chez moi ! "

L'eco-terroriste parut recevoir une intense décharge d'électricité. Son corps tout entier se cambra, relevant brusquement son crâne qui affichait une expression de terreur non feinte. Le sang de la belle rousse gela dans ses veines, dépossédant son visage de toute couleur. Livide et en proie à une peur innommable, Pamela se mit à tirer frénétiquement sur ses liens, débitant une logorrhée indéfinissable en respirant par saccades.

* Mon Dieu, non ! Non ! Non, non, non, pas ça mon Dieu ! * Sanglota intérieurement la criminelle tout en intensifiant la contrainte pesant sur ses articulations.

Toute personne douée de raison et empêtrée dans un enchevêtrement de cordes sait intuitivement qu'il vaut mieux éviter de trop bouger pour ne pas empirer le casse-tête. Roulant des yeux, des larmes menaçants de ruisseler sur sa peau maquillée, Ivy s'acharna pourtant à essayer de se libérer, mordant ses lèvres pour évacuer un peu de sa névrose. La mémoire lui était revenue d'un coup, un coup de poing dirigé dans son ventre fragile et exposé. Elle avait revécu l'arrivée du docteur au costume marron dans le bureau d'Axis, s'était entendu penser à nouveau qu'il valait mieux attendre de voir ce qui allait se produire avant de tuer le scientifique cruel et manipulateur. Puis l'intruse avait perdu le contrôle de la situation, recevant sans s'y être préparée une injection la paralysant presque entièrement. A moitié en train d'asphyxier, ses pupilles imprimèrent à jamais le moindre détail du visage émacié de son ravisseur à l'haleine tiède. Une vision qui la hanterait pour de nombreuses nuits, si d'aventure elle se tirait de ce mauvais pas.

Un Trevor Axis affublé d'un masque de renard la dévisageait en se léchant les doigts, présidant distraitement une assemblée de convives aux allures disparates et incongrues. La captive, dont l'identité avait aisément été découverte, fut prise de vertiges en avisant la quantité de problèmes qui s'empilaient sur ses épaules. Elle s'était introduite illégalement dans des locaux privés, avait tué deux hommes, et se trouvait présentement à la merci d'une cohortes de primates libidineux et en proie à une forme douce d'hystérie. Difficile de ne pas croire qu'on allait tirer profit au maximum d'une visiteuse si joliment apprêtée avant d'appeler la police... Ce qui ajoutait les violences sexuelles au menu des réjouissances de la rousse, juste avant le renvoi de son travail et l'incarcération pour de longues années. Et ce n'était pas la mise en scène du décor qui allait la rassurer. Le sol grillagé laissait deviner des tuyaux d'acheminement de liquides sous haute pression ; des bidons flanqués du logo à tête de mort ou en forme de flamme se comptaient par dizaines de là où elle se tenait ; et l'absence totale de fenêtres ou de lumière naturelle incita la prisonnière à s'imaginer dans un sous-sol vétuste absolument plus aux normes de sécurité sanitaire. Ses yeux demeurèrent secs, mais l'absence de larmes se justifiait plus par un état de choc profond que par une quelconque hardiesse.


* Ils vont jouer avec moi ! Me violer, me torturer et quand ils se seront lassés de mes hurlements, ils laisseront la police m'arrêter. Ils pourraient même me tuer ici ! Personne ne sait que je suis venu dans cette usine, et Trevor doit savoir comment faire disparaître un corps. Jamais rien ne filtrerait de ce meurtre... Je... Vais... MOURRIR ! * Désespéra le docteur Isley en proie à ses pires cauchemars, entendant le grassouillet PDG lui promettre un supplice long et douloureux. Mais la peur collait sa langue à son palais, l'empêchant de dire quoi que ce soit qui aurait pu lui éviter la tourmente.

Une brume invisible recouvrit bientôt la salle de réception improvisée, chassant toute discussion, tout bruit, étouffant jusqu'au chuintement des chaînes et grincement des couverts dans les assiettes. Un invité surpassant ses pairs dans le délabrement de son allure et le sinistre de son aura entra dans le champs de vision de la biologiste, qui poussa un gémissement affolé en remarquant la présence d'un gantelet au bras du trouble-fête cagoulé. Des flashs et des bribes d'images lui explosèrent devant les yeux, qu'elle tenta de chasser en secouant la tête telle une possédée. Mais son calvaire perdura, empirant à mesure que le rythme de son cœur accélérait et que sa respiration se faisait saccadée à souhait. Les aiguilles brillèrent d'un éclat froid à la seconde où le spécialiste des hallucinogènes envoya valser une valise dans un baril rempli à ras-bord de ce qui devait être de la soude, ou de l'acide. De fugitifs tourbillons vaporeux accompagnèrent le grésillement du cuir digéré par le liquide, ainsi qu'une poignée de rectangles en papier vert sur lesquels figuraient des chiffres.


* Il est revenu pour moi. Il est revenu pour moi !!! Il devait juste me capturer, mais la promesse d'un compte en banque garni ne le satisfaisait pas autant que de pouvoir m'imposer ses sévices. * Craignit la criminelle en n'entendant plus qu'un sifflement continu dans ses oreilles lorsque le manque d'oxygène lui monta au cerveau.

Chancelante, Pamela s'efforça de s'accrocher à la vie et stabilisa son souffle au prix d'un effort de volonté immense, en dépit de son désir de se laisser entraîner dans l'inconscience. Hélas, une telle lâcheté n'aurait eu d'autres effets que de retarder l'inévitable. Et devant la table de Carnaval, Crane se démasquait, exposant à la foule rassemblée des traits creusés par le remord et la tristesse. L'incohérence du faciès humide de son prétendu tortionnaire assomma la reine verte, qui en oublia ses scénarios catastrophes. Muette, elle constata qu'un de ses pieds commençait à perdre sa bottine, et, à force de contorsions de la jambe, la coquette jeune femme put réajuster sa mise. Conserver bonne figure faisait partie des rares choses que la séductrice rousse restait en mesure d'effectuer avec dignité.

Puis vint l'heure des accusations. Le scientifique s'en prit sans surprise à Ivy, qui lui retourna son regard de ses yeux émeraudes en essayant tant bien que mal de remettre en route son cerveau. Il aurait été préférable de lui adresser une provocation, un sourire moqueur ou un clin d’œil, mais la militante écologiste s'en sentait incapable. Trevor Axis lui avait appris que l'individu qui l'avait plongée dans les abîmes de la Peur était Crane. L'homme qui s'était échiné à faire tomber la reine verte. L'homme qui prenait soin de la sœur malade du pollueur. Rien n'avait de sens, pour la prisonnière assise et déshydratée, qui peinait à rassembler suffisamment de ses neurones valides pour échafauder un plan. Une grande partie de son esprit s'efforçait déjà en parallèle de maintenir à distance son angoisse, difficile de se triturer la cervelle dans ses conditions. Néanmoins, l'Empoisonneuse savait qu'elle ne devait en aucun cas écouter le débit de paroles de l'orateur costumé. Il lui était impératif de profiter du délai, de cette diversion inespérée, pour se sortir du pétrin. Perdre cette occasion en buvant sagement les inepties d'un mâle pleurant elle-ne-savait-quoi figurait en haut de sa grande liste des idioties à ne pas faire.


* Aller ! On y va, maintenant. On se réveille, et on se sort de là ! Est-ce que j'ai encore un tazer ou une arme à ma ceinture ? … Non, bien sûr ! Il m'ont pris tout ustensile. Par-contre, il y a ces barils d'acide... Si je parvenais à en renverser un, il devrait m'être possible de me libérer de mes liens. Sauf que je ne peux pas bouger ! S'énerva la célibataire endurcie en revenant à son point de départ. D'accord ! Caaaalme... Pfffff... Calme. Bon. Si je me penche en avant, je devrais pouvoir soulever et la chaise et moi. Ça me donnera l'air d'une tortue, mais au moins, je serais en mesure de me déplacer, si tant est que je ne fasse que de petits pas. Mais de quelle façon s'y prendre pour que j'ai assez de temps pour opérer un tel manège sans être interrompue ? *

" Crane ! Qu’est-ce que vous foutez ! "

Intriguée par la nervosité suintante d'Axis, Poison Ivy reporta son attention sur l'assemblée majoritairement masculine, lorgnant notamment sur un pompier étudiant avec une expression craintive le docteur Crane. L'intéressé fit tomber ce qui ressemblait beaucoup trop à une grenade pour ne pas en être une, à la suite de quoi une fumée opaque s'éleva dans le volume de la pièce, s'insinuant dans les bronches avec une joie malicieuse. Poussée par l'adrénaline, la biochimiste s'élança vaillamment, se fondant dans le brouillard artificiel en visant les cuves de produits toxiques un peu à l'aveuglette. Concentrée sur son effort, elle retint son souffle, grognant à chaque petit bond que ses jambes fourmillantes réalisaient. L'obscurité, l'impression de ne pas avancer d'un pouce et la terreur d'avoir été intoxiquée par une drogue mortelle asphyxièrent prématurément la gracieuse fugitive, qui s'affala lourdement sur le côté en inspirant longuement en quête d'air. Les poumons saturés d'hallucinogènes, elle en subit de plein fouet les effets, qui se combinèrent à la sensation désagréable de chute incontrôlée et de réception douloureuse. Le hasard voulu que sa fin de course l'amena à proximité d'un bidon ouvert d'acide, qui aspergea ses mains avant de s'évacuer entre les grilles. Sonnée, Pamela perçut vaguement l'humidification de se gants, et c'est un grésillement inquiétant qui l'incita à tirer sur ses liens de toutes ses forces.

Obnubilée par sa seule survie, la botaniste ne prit pas conscience des hurlements autour de sa personne, pas plus qu'elle ne nota l'assombrissement de l'éclairage ou les vertiges la prenant pour cible. Ce n'est qu'en se retrouvant nez à nez avec un loup-garou qu'elle se mit à pousser un hurlement strident.
La bête la regardant avidement, sa gueule béante hérissée de crocs jaunâtres où trônaient des restes de chair avariés. Une salive épaisse, brune et malodorante, dégoulinait entre ses dents pointues, tandis que sa langue horriblement longue et râpeuse pointait en direction de la tête de la spectatrice au bord de l'extinction de voix. Deux mains velues et sales se tendirent pour lui griffer les yeux, et elle se débattit de la plus anarchique des manière pour éviter que ses lobes ne soient crevés. Gesticulant en sanglotant et en poussant des gémissements confinant aux couinements, la criminelle fit fuir son agresseur, et réalisa tout à coup qu'elle s'était extraite de ses liens. Ni une, ni deux, son corps se déplia à une vitesse surprenante, motivé par l'urgence de la fuite. Debout, avec des gants troués et déchirés (heureusement, le cuir avait protégé ses délicates mains de l'acide) qu'elle ôta précipitamment, la reine verte tourna la tête dans tous les sens, avant de s'élancer aléatoirement dans une direction. Deux mètres plus loin, elle buta sur un corps desséché et puant la décomposition, qui fit pivoter sa tête décorée de croûtes suppurantes à plus de cent quatre vingts degrés pour l'examiner. La demoiselle ne se remémora pas ce qu'elle vit de ce visage, car à cet instant, sa raison la déserta pour de bon au profit de l'effroi le plus complet. Elle se sentit tomber éternellement dans les ténèbres à une vitesse vertigineuse.


* Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !!! *

Frigorifiée. Moite de sueur. Tremblante, comme si elle avait couru à perdre haleine des heures durant. Le docteur Isley sortit de son séant sans le moindre mal, pourtant. Comme si elle ne dormait pas vraiment. Cependant, en se retournant, elle vit bel et bien sa silhouette sinueuse imprimée dans la boue noirâtre qui lui avait tenue lieu de lit depuis qu'elle...

* Mais où-suis je ? * Se demanda la protectrice de la vie végétale en ressentant une troublante sensation de déjà-vu.

* Une petite minute... Je me suis déjà retrouvée dans pareille situation... Mais quand ? Et où ? * S'interrogea la chercheuse en entendant dans le lointain un martèlement lourd et irrégulier, accompagné du grincement sinistre de gigantesques machineries. Hagard, la belle se passa une main nue dans les cheveux, y traçant un sillon de terre humide, et se figea en découvrant son apparence dans une flaque d'eau sale et stagnante. Son visage, bien que normal, ne portait plus aucune trace de son maquillage. Vérifiant au toucher cette alarmante découverte, Pamela se mit à promener ses doigts sur les reliefs de sa tête en roulant des yeux, pivotant sans cesse sur elle-même.

* NON ! Non, non, non ! Mon visage, ils vont voir mon visage !!! Ils sauront qui je suis, et ils cesseront de me craindre. Je redeviendrai une pauvre fille ridicule et rabrouée. Pourquoi mon visage n'est-il pas masqué !* Sanglota-t-elle, hystérique, en pataugeant dans la gadoue, souillant et éclaboussant sa tenue verdoyante avec de la boue froide.

Plongée jusqu'au cou dans son hallucination, elle se crut totalement seule, perdue dans un vaste champs labouré à l'excès et qui rappelait l'état d'un charnier après le passage des charognards. La boue avait cette même lourdeur, cette même odeur faisandée et miasmatique de décomposition, de viande dévorée par les asticots. Le ciel bas et saturé de cendres diffusait un éclairage couleur rouille sur la terre, une étendue infinie dépourvue du moindre petit arbuste, de la moindre feuille. Le seul point vert de la scène se trouvait être Ivy, qui ne retint pas ses larmes en s'apercevant que même ses habits n'étaient plus colorés, mais ternes et crottés. Refusant d'assister à un événement réel, la suppliciée hocha négativement du chef, fouillant le décor en quête d'un salut quelconque. Maison,
étoile, silhouette amicale, n'importe quoi qui ne soit pas de la tourbe ou des restes calcinés d'arbres.

Un bruit de succion s'éleva à sa gauche. Les traits figés dans une expression de dégoût, elle regarda, muette d'horreur, des mains enduites de mazout et de pétrole s'extraire du sol en griffant la terre à proximité. Une, puis deux, puis six, puis douze paires de membres creusèrent et jaillirent à la façon de champignons aux formes arachnéennes. Hurlant à nouveau, la victime des chimères courut sans se retourner, sans voir si les mains n'étaient que des mains, ou bien les extrémités de choses... Beaucoup moins petites. Ses bottines s'enfonçaient profondément dans la gadoue, fatiguant rapidement la fuyarde et la ralentissant, mais pour rien au monde elle ne se serait arrêtée. D'autant que, peu à peu, des mains se mirent à sortir du sol autour d'elle.


* Ils me rattrapent ! Je vais me faire encercler par ces horreurs ! Mon dieu, je ne veux pas ! Non, pas comme ça, pas comme çaaaaaaaa * Comprit la reine verte en sanglotant et en trébuchant à de multiples reprises.

Des voix désincarnées l'appelèrent, prononçant lentement son nom, comme si des bouches putréfiées mâchaient jusqu'aux mots qu'elles formulaient.


« Pa-mmmme-laaaaa ! Paaaaaaa-me-laaaa ! » Répétaient les voix de zombies. Et l'intéressée de courir jusqu'à une souche à peine plus grosse que les autres.

A vrai dire, elle s'était crue partir sur la gauche de la souche, au début de sa cavalcade. Puis la souche s'était décalée sur sa droite, et Ivy, croyant s'être involontairement déportée, réorienta sa course pour conserver la souche sur sa gauche. Cependant, le rythme d'apparition des main s'accélérant encore et toujours, la rousse eut bientôt à sauter entre des phalanges gluantes qui tentaient de lui saisir les chevilles. Secouée de pleurs incontrôlables, elle perdit ses chaussures, mais continua d'avancer à vive allure, gémissant doucement lorsque la matière polluée, molle et froide, s'insinua entre ses orteils manucurés. A bout de souffle, à bout de larmes, à bout de forces, l'éco-terroriste se sentit glisser vers l'avant. Déséquilibrée, elle se fit emporter par son poids et roula au sol, très vite chatouillée par des index crochus se trémoussant au contact de sa peau tiède et douce. Gigotant comme une démente, poussant de stridents appels au secours, Pamela grimpa maladroitement en haut de la souche, se réfugiant dans un creux empestant le bois pourri et le chlore pour observer de son perchoir l'enfer dans lequel elle errait.

Sans voix, la plantureuse séductrice reconnut à cinq mètres de sa position le sillon de son corps dans le sol, qu'elle pensait avoir laissé derrière elle depuis des centaines de mètres. Et juste à côté se tenait Crane, ainsi que Trevor Axis, qui la fixaient comme si elle était devenue folle. Enfonçant ses doigts dans sa bouche, la jeune femme se tassa sur elle-même et se mit à frissonner, incapable de saisir ce qui lui arrivait. Et puis d'abord, où étaient passées toutes les mains qui la suivait ?


* Elles ne viendront jamais te faire du mal, tant que tu resteras près de moi, ma chérie. * Résonna dans son esprit une voix douce comme le murmure du vent sur la frondaison des arbres. Une voix de femme... Qui ressemblait à s'y méprendre à celle de Pamela.

« Qui est là ? Qui êtes-vous ? Et où êtes-vous ? » S'égosilla la jouvencelle rousse en s'adressant à la cantonade d'une voix cassée. Les deux hommes qui se trouvaient en contrebas n'avaient pas disparus, durant l'intervalle, et la reine verte se demanda si ces imbéciles n'allaient pas penser qu'elle s'adressait à eux (auquel cas, ils la croiraient définitivement folle).

* Je suis en bas, Pam'. Au pied de cette souche. Viens me rejoindre, je peux t'aider à en finir avec les horreurs qui te poursuivent. Je peux te rendre plus forte et plus puissante. Je suis ton amie, et je peux devenir ta plus précieuse alliée. Contrairement aux idiots sans importance qui te toisent depuis tout à l'heure sans rien comprendre. Ils te font perdre du temps. Dis-le leurs, ça va te faire du bien, ma belle. *

Tout en descendant de son refuge, la laborantine s'éclaircit la gorge, avant de jeter d'un ton grondant à ses spectateurs :

« Vous n'êtes que des idiots sans importance. Laissez-moi donc en paix ! »

La tête fièrement haute, la messagère de Dame Nature se laissa tomber dans une flaque noirâtre et semi-liquide, avant de faire le tour du pilier végétal en fronçant élégamment ses sourcils. Une main en appui sur l'écorce friable et détaché de la souche, l'inspectrice promena son regard émeraude quelques secondes, avant de s'exclamer joyeusement, et de s'agenouiller (sans grimacer le moins du monde) devant une petite mare remplie d'une eau translucide. Se penchant sur la surface limpide, elle y découvrit son reflet, au détail près que son maquillage était de nouveau présent, et que sa peau semblait discrètement teinte en vert. L'apparition posa les mains de chaque côté de son visage au même moment que Pamela, et ce fut des lèvres appétissantes de cette dernière que l'inconnue se présenta, une œillade complice à la clef.

« Salut, princesse. Moi, c'est Poison Ivy. Et toutes les deux, on va former un duo du tonnerre. »

Vu de l'extérieur, c'était comme si le docteur Isley se parlait à elle-même, peut-être avec un léger changement dans l'intonation de sa voix...
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MessageSujet: Re: La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé]   La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé] I_icon_minitimeDim 11 Mar - 12:24

Crane observait Isley avec un regard morne, Axis regardait sans la voir, comme prostré.

" Crane ! Qu’est-ce vous avez foutus ? Sortez-moi d’ici ! "

" Je ne le peux, nous affrontons nos pires angoisses, celles qui se cachent dans les tréfonds de notre inconscient, vous seul pouvez y survivre en fonction de votre culpabilité et de vos envies les plus inavouables. Il n’y a aucune sortie, vous ne comprenez pas ? C’est un labyrinthe ici, celui de votre esprit, et la seule issue de ce dédale c’est celle que votre force de caractère voudra bien lui donner. "

Trevor tomba à genoux et se prit sa tête entre ses mains, il avait le visage révulsé, il ne pouvait même pas restreindre les tremblements qui l’agitait. Il coassa d’une voix faible :

" Mais comment faîtes-vous pour ne pas avoir peur bon sang ! "

" C’est simple, vous êtes dans ce cauchemar car vous y avez été contraint, alors que j’y suis par choix, ce qui change la donne. "

Et il tourna le dos à Trevor sans cacher sa joie malsaine. Il y avait tout à coup une part de masochisme en lui, il s’était infligé la torture qu’il réservait à ses cobayes pour expier le souvenir d’une femme, il allait enfin savoir en vrai quel effet son gaz faisait, il allait enfin se rendre compte par lui-même des tourments qu’il engendrait. Il n’avait qu’une chance sur deux de s’en sortir, sois il allait finir à l’asile d’Arkham fou à lier pour le restant de sa vie, perdus à jamais dans ce cauchemar dont il ne trouverait jamais l’issue, soit il parviendrait à surmonter ses pires peurs et trouverait la seule issue de ce rêve démoniaque.

Il fit un pas et s’arrêta net, il était au milieu des innombrables champs de maïs du paysage de la ferme où il avait vécu dans son enfance. Il y avait quelque chose qui le fixait dissimulé dans le maïs, un Epouvantail. Il se mit à courir vers la porte de la grange, il secoua la poignée, il entra, il vit Linda Axis assise sur le plancher, le visage gonflé et strié de larmes, elle avait entortillé plusieurs de ses mèches, ce qui excitait considérablement Crane, ses poignets étaient couverts de sang séché. Un couteau était planté dans le mur en bois. A côté de lui, elle avait écrit le mot NON avec son sang. Il plissa des paupières pour la regarder, elle se recula à son approche et cala son dos contre le mur. Elle leva son regard vers lui.

" Mademoiselle Axis, je m’appelle Jonathan. Et il y a très longtemps que je vous regarde. "

Il voulait lui dire plus de choses, mais la grange se mua en maison des horreurs. Linda était nue, éventré, les boyaux se déversaient de son corps et tout autour de lui, il vit une foule d’Epouvantail grimaçant en train de le pointer du doigt.

" Non ! Je ne l’ai pas tué ! Ce n’est pas moi ! C’est son frère ! "

Les murs s’effondrèrent, la plaine entière de maïs était en feu. Les Epouvantails le poursuivirent alors qu’il courait effrayé comme jamais il ne l’avait été auparavant. Il ouvrait grand la bouche pour reprendre son souffle, mais il ne sentit pas l’air emplir ses poumons, il sentait de la moisissure et un goût de feuille morte. Sa vue se brouilla et il trébucha au sommet du immeuble aux allures de tour de Babel, Gotham City s’étendait à pertes de vues en contrebas. Comment avait-il fait pour arriver jusqu’ici ? Les Epouvantails l’entourèrent, plus horribles les uns que les autres, comme s’ils étaient passé à travers des miroirs déformant. Il ressentit alors des centaines de piqûres d’aiguilles à travers tout son corps et tomba à terre en se contorsionnant et en hurlant. Ses bras et ses jambes refusèrent de bouger. Il tenta de parler aux Epouvantail qui s’approchaient pour le tuer, il essaya de se lever pour les fuir, ses jambes s’éloignèrent de son corps. Il voulut bouger ses mains pour se défendre, ses doigts fondirent. Il vit défiler 10 000 clichés de Linda Axis. Il changea encore de lieu et s’effondra au milieu d’une plaine recouverte de vermines en tout genre, insectes, rongeurs et serpents. Crane essaya de rouler sur lui-même pour leur échapper. Ils grimpèrent sur lui et le clouèrent au sol. Crane se mit à pleurer et vit le cadavre de Linda. Les vermines se ruèrent sur son visage pour le dévorer. Un rat marcha sur son visage. Crane se força à ouvrir la bouche. Le rat regarda à l’intérieur.

Tout autour les épouvantails riaient et triomphaient, Crane avait perdus et il allait devenir fou à jamais, perdus dans ce cauchemar pour l’éternité.

Mais…

Crane referma violemment sa mâchoire en la claquant, il décapita le rat.

Les Epouvantails cessèrent de rire aussi net.

Le rat se tortilla et mourut dans sa bouche. Les vermines cavalèrent en tous sens pour fuir Crane comme s’il était la mort en personne.

Les Epouvantails sentir se déverser dans leur être ce qu’ils n’avaient jamais ressenti, la peur. Ils se transformèrent tous en Crane, alors que lui se transforma en un Epouvantail plus affreux et terrible qu’eux tous réunit. Il se mit à déglutir comme un possédé :

" Ce n’est pas vous qui êtes la peur, c’est moi ! "

Il brandit sa main droite pleine de seringues sur ses doigts et massacra tous les Crane autours de lui avec une frénésie meurtrière jusqu’à ce qu’ils n’en restent plus aucun.

L’Epouvantail s’avança dans un nouveau décor comme une bête sortit des enfers. Trevor Axis se tenait debout au sommet d’une falaise, il hurlait vers le ciel :

" Jamais ! Ma sœur n’était rien ! Bon débarras ! Je vous aurais tous ! Je suis le plus puissant industriel de la ville ! Rien ne pourrait me terrasser ! "

" Rien ? "

Trevor se retourna brusquement et fit face à L’Epouvantail et Poison Ivy qui venaient d’apparaître sous ses yeux.

" Oui rien ! Pas même vous ! Je ne crains aucun mal ! "

L’Epouvantail lança un rire spectral à glacer le sang de n’importe qui.

" Allons allons, tu sais aussi bien que moi qu’il t’est arrivé une chose il y a 3 ans et tu ne voudrais pas qu’elle se reproduise à nouveau, tu en as peur, c’était tellement effroyable lorsque ça t’étais arrivé. Mais c’est ce qui arrive quand on est aussi gras que toi et qu’on a les artères bouchés mon petit Trevor. "

Axis se mit à pâlir et se recula inquiet.

" Non ! Pas ça ! Tout sauf ça ! "

L’Epouvantail brandit son poing et le serra fort, très fort. La douleur de la crise cardiaque explosa dans la poitrine de Trevor, il eut le souffle coupé et sa tête s’enflamma. Son corps entier faillit mourir sous le choc de l’infarctus.

" Non ! Pitié ! Pas la crise cardiaque ! Plus jamais ! "

" Tu auras beau nier ta pire peur, tu finiras par capituler face au cauchemar. Quel que soit l’horreur de ce qui va suivre, pour la première fois de ta vie tu vas succomber, tu ne sais pas qui tu as en face de toi. Je suis la peur incarné. "

L’Epouvantail plongea sa main pleine de seringues dans son torse et lui trancha les artères, il lui arracha son cœur. Il le montra fièrement à Ivy alors qu’il battait encore en frémissant dans sa main.

Puis le cauchemar disparut, il laissa place à un rêve terriblement calme, L’Epouvantail était assis dans la grande bibliothèque de Gotham, il lisait la divine comédie de Dante. La mort le visage dissimulé sous son capuchon d’où luisait deux petits yeux rouges sang et tenant dans sa main squelettique une faux, vint s’assoir en face de lui.

" Que cherches-tu à faire dans cette ville ? "

" Infliger la peur. "

" Qu’a tu trouvé ? "

" La douleur, l’horreur, le néant. "

" Cela en valait-il la peine ? "

" Tu n’as pas à t’inquiéter pour moi, si tu es la mort personnifié, moi je suis la peur. "

" Tu ne peux pas continuer éternellement à répandre l’horreur, parce qu’un jour, elle s’abattra sur toi. "

" Ne me dis pas ça, je commence tout juste à le faire dans cette Babylone au bord du gouffre. "

" Est-ce que cela te soulage aujourd’hui ? "

" Non. "

" Tu as toujours été comme ça. Existe-t-il un seul moyen pour toi, pour Poison Ivy, pour tous les fous d’Arkham et pour tous les tarés costumés et même pour Batman de fuir Gotham ? "

" Non, il n’en existe aucun, nous pourrions fuir, nous reviendrons toujours ici. Gotham nous appartient. "

Crane émergea de son rêve sur le sol métallique et grillagé de l’usine Axis Chemicals. Il se releva le visage hagard comme s’il avait traversé l’enfer. Tout autour, les sbires d’Axis qui avaient respiré son gaz, étaient pris de crises de folie et de mouvements agités comme les plus atteints de tous les psychopathes de l’asile d’Arkham. Trevor suppliait qu’on lui rende son cœur.

Crane prit la fuite, il n’avait même pas remarqué que Pamela Isley avait disparu.

Quelques jours plus tard


Crane était vêtu de son triste et morne complet marron. Il lisait le journal :

Grave accident chimique au sein du complexe industriel d’Axis Chemicals. Mis directement en cause, Trevor Axis se voit retirer ses responsabilités par le tribunal de Gotham City. Il conserve sa fortune et ne sera pas incarcéré mais en attendant l’usine tombe aux mains de Roland Daguett qui vient de la racheter. Magnanime, le nouveau propriétaire a décidé de conserver l’appellation Axis pour la plus grande usine chimique de Gotham, cherchant à rendre hommage à l’industriel le plus ambitieux et le plus brillant de l’histoire de la ville dont la contribution à l’essor économique fut sans précédents. 18 des employés de Trevor Axis ou des personnes faisant partis de son entourage, ont été victime de l’incident chimique au sein de l’usine. Au vu de leur état critique, ils ont été admis dans l’asile d’Arkham pour être soigné.

Crane jeta son journal et marcha dans le cimetière, il s’approcha des deux cérémonies d’enterrement. D’un côté, il n’y avait quasiment personne pour les obsèques de Linda Axis, en revanche juste à côté il y avait une foule monstre pour rendre un dernier hommage à la dépouille du militant écologiste Doug Straffenbaüm. Le pasteur termina son sermon pour le repos éternel de Linda et s’en alla en compagnie des rares personnes présentes. Crane s’approcha seul de la tombe et resta à la contempler un long moment en tenant dans ses mains le somptueux bouquet de fleurs qu’il avait acheté pour l’occasion. Il tourna la tête vers l’autre enterrement, il eut une hallucination pendant un instant, une femme rousse en tenue verte affriolante au milieu des gens vêtues de noirs pour afficher leur deuil. Il secoua la tête et constata que ses yeux lui avaient joué des tours, la reine verte était bien là, mais pas vêtu en Poison Ivy contrairement à ce qu’il avait cru pendant un instant. Comme une sorte de réminiscence douloureuse du cauchemar et de cette nuit infernale pendant laquelle elle s’était infiltrée dans l’usine. De loin il échangea un regard avec Isley, juste au moment où il déposait son bouquet de fleurs sur la tombe de Linda. Il traversa ensuite l’espace séparant les deux sépultures, l’espace le séparant de la reine verte. Il se planta devant elle et ignora les regards des partisans écolos autours de lui.

" Il y a une chose que je dois à tout prix vous montrer. Venez avec moi. Je ne vous retiendrais pas longtemps. J’ai rencontré la mort dans mes songes, j’ai échangé quelques mots avec elle. Les circonstances peuvent faire de nous deux des ennemis ou des alliés selon les exigences du moment mais cela ne changera rien au niveau moral vu les méthodes que nous employons vous et moi pour asservir l’esprit humain. "

Ils quittèrent le cimetière.

Il la conduisit en voiture jusqu’au Dorcia. Ils traversèrent Gotham jusqu’au Centre-Ville. Le restaurant le plus chic de la ville au sommet d’un building était bondé. Les clients de midi circulaient d’une table à l’autre. Le maire Hamilton Hill entra pour déjeuner. Son passage déclenchait des Oooh, des Aaaah et des quolibets. Crane s’installa près de l’entrée et chuchota quelque chose à Pamela.

" Observez bien, c’est toujours à ce moment-là de la journée qu’il apparait ici. "

La porte s’ouvrit en grand, le soleil inonda la salle du restaurant. Deux costauds firent entrer un homme frêle qui semblait prématurément vieillit. Il trainait des pieds, il flottait dans ses vêtements. Il avait des tâches cancéreuses sur ses mains, la peau du coup qui commençait à pendouiller, il tremblait. Ses deux gardes du corps l’aidaient à faire des petits pas de deux centimètres. Ils l’amenèrent à la table qui lui était réservé habituellement, tout en douceur. Il leur fallut 3 minutes pour parcourir 15 mètres. Une fois installé, un serveur lui apporta un plat cuit d’avance. Le premier garde du corps coupa son steak, le second le faisait manger. Harvey Dent qui était présent dans le restaurant en train de manger avec sa femme et son équipe de procureur remarqua sa présence et détourna la tête comme horrifié. Le maire Hamilton Hill regarda dans sa direction et sourit avec un infini mépris. De la salive coulait du menton de l’homme malade, il toussa. De la salive se répandit dans son assiette. Un serveur se précipita pour la lui changer.

" Maintenant Pamela, approchez-vous de lui et savourez votre victoire, car ce sera le seul type de triomphe dont les criminels comme nous bénéficierons dans cette ville maudite. "

Et l’illustre docteur Jonathan Crane, psychiatre devenus psychopathe, quitta le Dorcia sans rien ajouter d’autre, laissant seul Isley qui avait tout le loisir de s’approcher de la table pour contempler l’individu en état d’extrême faiblesse.

Entre ses deux gardes du corps, Trevor Axis était méconnaissable. Il n’avait plus aucune étincelle de vie, il braquait fixement devant lui des yeux qui semblaient mort. Ses pupilles étaient devenus blanches, comme s’il était aveugle. Pendant un instant il fixa la rousse comme s’il avait cru voir Poison Ivy.

[HRP: merci beaucoup, j'ai rarement fait un sujet aussi plaisant et ça grâce à toi Very Happy ]
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Pamela Isley/Poison Ivy

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MessageSujet: Re: La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé]   La Reine Verte [Pamela Isley ; terminé] I_icon_minitimeVen 30 Mar - 17:43

« Poison Ivy ? Mais... Mais c'est mon nom, ça. Qu'est-ce que... Est-ce que je suis devenue démente ? »

Incapable de s'arracher à la contemplation de son reflet dans l'eau claire et pure de la mare, la jeune femme recouverte de boue nauséabonde écarquilla les yeux, comprenant soudain qu'elle présentait tous les symptômes de la schizophrénie. Mais l'aspect totalement irréel de son état, la présence surréaliste de morts-vivants menaçants de l'attraper (pour la manger, ou pire) et l'effet des toxines de l’Épouvantail sur son système nerveux incitèrent la biochimiste à ne pas s'attarder sur son état mental.

* Occupe-toi d'abord de sortir d'ici, Pamela. Une fois en sécurité, et seulement à ce moment, tu pourras aller consulter un spécialiste hors de prix qui t'annoncera que tu es bonne pour l'internement. * S'ordonna la criminelle en pleine hallucination avec une pointe de cynisme, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille sans se soucier de la saleté qu'elle y ajoutait en prime. L'apparition lui sourit tendrement

« Je suis une parcelle de ton esprit qui s'est réveillée lorsque tu as décidé de prendre une part plus active dans la défense de notre belle planète. Ne me considère donc pas comme une étrangère, ma puce. Je fais partie de toi depuis ta naissance, je te connais sur le bout des doigts. Tu es une élue de la Nature, Pamela, et en tant que telle, tu possédais dès ton premier jour de vie un potentiel caché qui ne demandait qu'à être exploité : moi. » Expliqua d'une voix sereine la chimère, s'autorisant régulièrement de petites moues complices à l'adresse de son auditrice.

Celle-ci s'assit sur le sol, ne pouvant se salir plus qu'elle ne l'était déjà, et prêta une oreille plus attentive aux propos de Poison Ivy. Il lui semblait presque logique, dans le contexte où elle se trouvait, de rencontrer une personnalité née entièrement de son imagination, et qui s'était affranchie des limites traditionnellement imposées aux personnages de la psyché pour devenir un individu de chairs et de sang. En acceptant cette idée, la rousse constata en se touchant le visage que son maquillage était magiquement réapparu. Conforté dans l'idée qu'écouter sa jumelle constituait une excellente chose, la biologiste n'interrompit pas son reflet.


« Cela passe par ton accord, cependant. Je suis pour l'heure confinée et bloquée loin, très loin de la surface de ta conscience. Mais si tu acceptes de m'écouter, de suivre mes conseils et de me laisser te seconder dans ta lutte, alors je ferai en sorte qu'aucun obstacle ne soit de taille à s'opposer à nous. »

Comme pour mieux étayés ces paroles persuasives, les mains se remirent à jaillir du sol meuble, provoquant un grondement sourd à présent qu'elles apparaissaient par dizaines simultanément. Et un malheur n'arrivant jamais seul, des cadavres, animés d'une nouvelle vie morbide, suivirent ce mouvement de genèse par la terre, recommençant à faire entendre leur voix désincarnée dès que leur bouche se retrouvait à l'air libre. Avec horreur, la reine vert crut reconnaître les visages de ses parents, ainsi que celui de son traître d'ancien amant et partenaire en affaires, Marc LeGrande. La ressemblance ne sautait pas aux yeux, si l'on tenait compte du fait que les chairs de ces derniers se gangrenaient de seconde en seconde, et qu'un mélange improbable de limaille de fer, d'essence et d'huiles d'hydrocarbures dégoulinaient de tous leurs orifices.

« Paaaaaaa-me-laaaaaa. Viiiiiieeennssss. Noooouuuusss. Ppppppammmmm-eeeeee-lllllla. » Vomirent les horreurs bipèdes en tendant des bras rachitiques en direction de la jeune femme, dont le cri d'épouvante se bloqua dans la gorge suite à une crise de tétanie extrêmement malvenue.

Statufiée par la paralysie musculaire conséquente au stress, la laborantine battit frénétiquement des paupières à s'en déchirer la peau, gémissant doucement alors que les mains mortes cavalaient plus près, toujours plus près, s'apprêtant à l'escalader pour pouvoir s'insinuer sous ses vêtements, sous sa peau, sous ses muscles...
Une ombre s'étala furieusement vite sur les créatures de cauchemar, accompagnée par un grincement venant du ciel. Orientant son champs de vision au-dessus de sa tête, la plantureuse séductrice vit, presque au ralenti, une souche massive d'arbre s'abattre avec un fracas titanesque sur la vermine rampante, réduisant cette dernière à une bouillie informe. Le mastodonte sylvestre, aussi puissant et imposant que souple et agile, paraissait être en constante croissance, se ramifiant à chaque instant en une dizaine de branches, générant bientôt un rassurant bosquet protégeant Pamela des agressions du monde extérieur. Tout en poursuivant son expansion , l'arbre envoya claquer ses lianes telles des fouets, chassant les derniers monstres assez téméraires pour ne pas avoir fui devant la stature de ce végétal hors-norme. L'enceinte de cette tour verdoyante se centrait sur la mare épargnée par la pollution omniprésente, au sein de laquelle Poison Ivy étala en grand les bras.


« Je te l'ai dit : avec moi, tu n'as rien à craindre. Je peux te rendre forte. Je peux te rendre inarrêtable. Tout ce que je demande en retour, c'est que tu écoutes mes conseils et mes avertissements. »

- Ca veut dire que si j'accepte, moi aussi, je pourrai... Faire apparaître des plantes comme par enchantement ? Voulut savoir la demoiselle, incrédule.

- Oui. Ca, et d'autres choses encore plus éblouissantes.

La jeune femme rousse et son reflet se sourirent avec une parfaite synchronisation. Fébrile, Pamela baissa les yeux sur ses doigts. Ceux-ci avaient été débarrassés de toute salissure, et paraissaient aussi délicats et propres qu'au début de la soirée (il lui semblait que cela remontait à des années). Radieuse, la séductrice rousse constata que sa tenue avait repris son apparence immaculée, restituant à l'Empoisonneuse son capital attirance. Plus de boue, plus de traces de griffures sur son corps. Et en bonus, les chaussures dont elle avait dû se défaire lui étaient revenues au pied. Le sentiment confortable d'avoir de nouveau la situation sous contrôle lui étreignit chaudement la poitrine tandis que, mut d'un intuition, elle colla ses mains l'une contre l'autre, avant de les écarter lentement. En réponse à son geste, l'arbre animé s'ouvrit sur lui-même, permettant à sa nouvelle maîtresse d'aller explorer le monde onirique tout en demeurant à sa disposition pour repousser la moindre menace.

Le souffle court de posséder des tels pouvoirs, Pamela se tourna vers la mare, s'extasiant à voix haute :


« C'est... Extraordinaire ! Tout simplement extraordinaire ! Et j'avais en moi la possibilité de faire ça ? Je veux dire... Invoquer et diriger un protecteur sylvestre de cette envergure ? Il doit bien mesurer vingt mètres de haut ! »

- Cet endroit prend naissance dans ton esprit, ma belle. Il est normale que tu puisses y faire ce qui te plaît. En ces lieues, tu ne connaîtras pas d'autres limites à tes pouvoirs que celles de ton imagination... A condition que tu sois prête à te familiariser avec ce concept. Je ferai en sorte de te faciliter la tâche, mais tu restes la chef, Pam'. A toi de jouer, maintenant. Tu sais tout ce que tu as besoin de savoir pour quitter cette illusion, alors fait-leur une démonstration de notre grandeur. Encouragea d'une voix vibrante le reflet, avant de se dissiper, comme perturbé par une onde au ras de l'eau.

De nouveau elle-même, Poison Ivy jusqu'au bout des ongles, l'Empoisonneuse quitta l'enceinte faite d'un écorce épais, s’apercevant que, non loin, un certain Trevor Axis et l'autre dégénéré de Crane, tous deux occupés à discuter. Le premier tournait le dos à une impressionnante crevasse qui, si elle avait été réelle, aurait certainement donnée le vertige à la plantureuse criminelle. Désormais consciente d'évoluer au sein d'une structure imaginaire, la biologiste se trouvait moins vulnérable, plus solide mentalement, et plus à même de réfléchir froidement. Hélas, son intellect (pourtant brillant) ne lui permit pas de comprendre que toutes les aventures qui lui étaient arrivées précédemment n'avaient jamais été visible pour aucun des deux hommes,et que les fameuses capacités surhumaines dont elle se pensait investie ne les affecteraient pas plus que le vent.

L'expert en hallucinations dut prononcer les mots appropriés pour ébranler le gros et gras industriel, puisqu'à la suite de sa dernière déclaration, Axis se décomposa en perdant des couleurs, sa voix d'ordinaire puissante et tonnante devenue aigrelette et poussive.


" Non ! Pas ça ! Tout sauf ça ! "

* Si, ça. Souffre, immonde porc suintant de graisse ! Cracha Ivy d'un ton féroce et agressif dans la tête de son hôte toute de vert vêtue.

- Poison Ivy ? Appela Pamela, ne s'attendant pas à entendre de nouveau le timbre chaud et enjôleur de son alter-ego.

- Tu m'as acceptée, tu te souviens ? A compter de ce jour, je ne serais plus muette. Ma voix, mes conseils, et mes leçons, te parviendront par la voie la plus directe : celle de tes pensées. Et voici ma première recommandation : cesse de t'apitoyer sur les humains, quels qu'ils soient. Ce sont des instruments. NOS instruments. Rien de plus. Ils ne méritent que de mourir pour nous, en servant notre cause. Tues-en si l'occasion t'es donnée. * Préconisa l'intransigeante protectrice des plantes.

Il apparut alors que Crane aussi avait appris à influencer son environnement, démontrant ses nouveaux talents en provoquant une crise cardiaque très sévère à son interlocuteur et ancien employeur. Mais, loin de se contenter d'un simple infarctus, l'homme de science poussa son œuvre plus à même, exploitant l'attirail attaché à son bras pour détacher le muscle cardiaque des chairs du seigneur des pollueur, brandissant l'organe palpitant et dégoulinant de sang comme un trophée, une médaille à la gloire de son combat pour semer la Peur. Adhérente convaincue à ce mode d'action, l'Empoisonneuse ne quitta pas des yeux le myocarde, ses pupilles dilatées par la joie sauvage et brutale de la mise à mort de son ennemi agonisant au sol. Pendant de longues et savoureuses secondes, sa poitrine se souleva au rythme de son rire cruel, ses mains gantées serrant virtuellement le cou d'Axis.


« Victoire ! » Revendiqua la meurtrière en hurlant sa félicité aux étendues désertiques du monde des cauchemars.

Prise dans la frénésie du sang, des meurtres et de la violence, elle parcouru quelques mètres, provoquant l'apparition de nouveaux zombis qu'elle s'amusa à balayer, à écraser ou à broyer en faisant pousser des plantes tentaculaires du sol mou et souillé. Tels des prolongements de son organisme, les excroissances de sève et d'écorce s'abattaient, tournoyaient et enserraient à la moindre de ses pensées. Euphorique, galvanisée par un sentiment d'invulnérabilité, Pamela se perdit dans la liesse du carnage, massacrant jusqu'à ne plus avoir assez de souffle pour continuer à crier. Les chimériques morts-vivants s'évaporant une fois vaincus, pas un cadavre ne s'empila aux pieds de la laborantine, et c'est défoulée qu'elle se laissa tomber dans un large et moelleux siège en forme de fleur géante.


« Haaaaa... Comme c'est agréable. Bon, la récréation est terminée. Il est l'heure pour Poison Ivy de tirer sa révérence. »

Joignant les mains au-dessus de sa tête en une élégant mouvement coulé, l'avatar de la Nature ordonna aux pétales et aux sépales de sa fleur de se refermer sur elle, avant de s'enfoncer dans le sol, en direction des profondeurs de la Terre.

Quelques jours plus tard, cimetière de Gotham

Au sortir du monde de l’Épouvantail, la reine verte s'était empressée de quitter la scène de crime, n'envisageant pas la moindre seconde d'essayer de tuer Crane, bien que ce dernier lui donnait des envies de meurtre. Telle un animale apeuré, l'intruse s'était laissée guider par Ivy, ne retenant de la fin de cette très longue nuit que des bribes de souvenirs lui montrant des portes, des couloirs et le visage d'un conducteur qu'elle avait drogué pour qu'il la ramène à son appartement.
Le réveil du lendemain et la semaine suivante avaient été éprouvants, chaque fibre musculaire de la criminelle ayant été sollicitée au maximum et même au-delà. Être malgré tout obligée de marcher des heures durant lors de manifestations pro-écologistes (afin de ne pas briser la routine de Pamela Isley, ardente dénonciatrice des industries polluantes) devint rapidement une épreuve d'endurance et de ténacité particulièrement éprouvante. Dans un registre similaire, son quota de sommeil, durement amputé, conduisit la biochimiste à consommer de manière immodérée une décoction à base de théine (optimisée par la laborantine rousse) qui présentait l'inconvénient majeur d'être très addictif. Au mâtin de l'annonce de l'enterrement de Doug Straffenbaüm, la belle militante en était à devoir mobiliser toute sa volonté pour ne pas céder à la tentation de consommer une pleine tasse de liquide tonifiant pour le simple plaisir d'en ressentir les effets.

Assise sur une chaise, les jambes croisées, ses cheveux en mal d'entretien anarchiquement organisés en un amas cotonneux lui tombant sur les épaules, la biologiste suivit du doigt les lignes de la rubrique nécrologique du Gotham Globe.


* Pourquoi hésiter à t'y rendre ? Vas-y ! * L'encouragea une voix venue du fond de sa psyché.

Surprise par cette déclaration, Pamela s'enquit, les paupières encore un peu lourdes :


* Je croyais que les humains n'avaient aucune importance. N'est-ce pas ce que tu m'as dit ?

- Tout à fait. Ces misérables mammifères rampants et puants ne sont que des primates saccageurs et irrespectueux. Leur mort est toujours une bonne nouvelle, et je ne te demande pas de compatir au sort de ce cuisiner complaisant. En revanche, pas un des partisans de notre groupe écologiste n'ignorait que Doug et Pamela s'entendaient bien. Si nous voulons éviter d'éveiller les soupçons, j'ai bien peur que nous ne soyons obligées d'assister à cette mise en terre. Du gaspillage, rien de moins, mais c'est là le prix de l'anonymat. * Contra Poison Ivy, une note de regret dans sa façon de présenter les choses.

Appuyant son menton sur ses doigts croisés, la manipulatrice abaissa ses paupières, fixant son regard clair et rafraîchissant sur un coin de sa table. La part malveillante de son âme lui tenait compagnie depuis plus de cinq jours déjà, et au début, la biochimiste s'était véritablement laissée persuader que toutes les deux, elles étaient similaires, que ce soit dans leurs opinions ou dans leur manière de traiter les problèmes. Cependant, plus d'une fois, la voix chimérique de sa jumelle Empoisonneuse lui avait soufflée des paroles trop extrêmes, trop catégoriques. L'exemple le plus récent fut le cas de Doug, qui n'éveillait rien chez Poison Ivy alors que, pour sa part, Pamela regrettait le décès du jovial personnage. Durcir son cœur, même après avoir été témoin des horreurs dont pouvaient être capable l'homme, ne lui avait jamais paru plus difficile, et c'est en se mordant la lèvre d'un air coupable qu'elle réalisa que la culpabilité qu'elle ressentait vis-à-vis de Doug n'aurait normalement pas dû être présente. Quittant son siège avec détermination, la maîtresse des lieux résolut de se préparer une mise sobre et commença à réfléchir à la tenue qu'elle porterait pour l'après-midi.

Le Hasard voulut que les deux enterrements de la journée soient concomitants, une originalité qui permit de souligner tacitement la différence fondamentale de richesse humaine des deux personnes mis en terre. D'un côté, se tenant droite et impassible devant la tombe de l'Autrichien, le docteur Isley devançait une assemblée au quasi-complet de ses suivants et partisans, tous réunis spontanément dans un élan de solidarité pour leur gracieuse porte-parole endeuillée. Cette dernière, en longue jupe noire et chemisier du même ton, faisait de son mieux pour paraître affligée et triste, allant jusqu'à mimer des larmes férocement contenues lors de son oraison funèbre à celui qu'elle qualifia d'un timbre étranglé de "maestro des fourneaux". La cérémonie s'éternisa, notamment parce que la nombreuse et très démonstrative famille du défunt s'était entièrement déplacée pour l'événement. Les circonstances particulièrement violentes de la disparition de Doug Straffenbaüm choquèrent l'épouse de celui-ci, ainsi que sa sœur, qui ne s'arrêtèrent pas de pleurer en hoquetant, un son qui agaça au plus haut point Poison Ivy. En désespoir de cause, elle lorgna sur la procession voisine, où une autre victime de Trevor Axis retournait à la poussière.


* Je suis étonnée de constater que le soupirant squelettique de la sœur de Trevor ne fasse pas partie de l'assistance. Il ne devait pas y tenir plus que çà, au final. * Lâcha vertement la plantureuse tueuse en faisant naître un sourire ravi sur les lèvres de son hôte, que Pamela chassa en hâte lorsque le pasteur fit entendre la fin de son sermon.

Il tardait à l'Empoisonneuse de retourner chez elle, afin d'y ourdir de nouveaux plans, mais les frustrants usages de civilité entre babouins la contraignaient à aller saluer toute la famille Straffenbaüm pour leur présenter ses plus sincères (autrement dit, ses moins obséquieuses) condoléances. Cette corvée retarda encore ses projets d'une bonne demie-heure, et lorsqu'enfin le dernier petit-cousin eut entendu ses fausses paroles de compassion, un nouveau contretemps se manifeste.


* Aloès, adonis blanches, dahlias rouges et jacinthes... Un amoureux qui pleure sa belle est venu lui offrir son dernier bouquet. * Constata l'éco-terroriste en détaillant la composition florale du bouquet et le message qu'on avait voulu y intégrer. Que Crane se soit documenté, ou qu'il ait fait appel à un commerçant, son hommage respirait l'harmonie d'un chagrin d'amour tragiquement écourté. Comme de bien entendu, Poison Ivy ne s'en émut pas outre mesure.

* Allons donc ! On arrive après la bataille ?

- Je jurerais qu'il nous a lancé un regard... Tu penses qu'il va refaire le coup de l'entrée fracassante, et cette fois-ci nous dénoncer ?

- Je ne pense pas... Il aurait autant, voire plus que nous à perdre en exposant la vérité à autant de témoins. C'est un crétin orgueilleux, bouffi de faux principes et sadique, mais pas un inconscient. Son gros cerveau lui a probablement soufflé de garder pour lui les détails de l'accident survenu aux usines d'Axis Chemicals. *

Rassérénée par la tranquille assurance de son alter-ego, la rousse en noire fit mine de ne remarquer l’Épouvantail et son costume couleur Castorum à la dernière seconde, sans pour autant feindre la surprise. Ç'aurait été insulter l'intellect passablement remarquable du psychiatre interdit d'exercer. L'homme à lunettes avait visiblement gagné en assurance depuis leur première rencontre, puisque ses yeux perçants firent une totale abstraction des militants le fusillant du regard. Ces propos, très bien choisis, ne révélaient absolument rien de cohérent pour un auditeur externe, à ceci près que Crane se trouvait aux antipodes des concepts de la Loyauté, et qu'il aimait qualifier les discours de la reine verte de "manipulation des esprits". Mais de la part d'un détracteur, ces mots pouvaient n'être qu'une métaphore. Plus explicite, et devant un parterre d'activistes écologistes, alors même qu'il avait, de notoriété publique, travaillé pour les industries Axis, le spécialiste en hallucinogène évoqua sans fioritures la possibilité de futurs association entre les deux opposants politiques, soulevant dans l'assistance quantité de sourcils et de hoquets de stupeurs.

« Très bien, allons-y. Après tout, qu'aurais-je à craindre d'un homme qui prétend avoir vu la Mort lui parler ? » Versa d'une voix acide et corrosive Pamela en ordonnant ses disciples à ne pas la suivre. Crane savait y faire, pour amener les gens à l'écouter. Il suffisait de voir la femme qui le haïssait le plus dans tout Gotham lui emboîter obligeamment le pas pour prendre conscience de ses dons de persuasion.

C'est au volant d'un véhicule milieux de gamme que son guide de mauvaise compagnie la déposa devant le restaurant le plus côté de la ville, sa voiture dénotant fortement au sein des coupés sports et des limousines garés sur le parking privé du Dorcia. Le voiturier qui prit en charge l'automobile fit cependant preuve d'un professionnalisme méritant, en demeurant de marbre lorsqu'il prit place à l'avant du banal moyen de locomotion.


* Devinette : quelle personne, que nous avons déjà rencontré auparavant, ainsi que Crane, serait susceptible de déjeuner à la table des fortunes de Gotham City ? *

La réponse n'allait pas tarder à se manifester, si la biochimiste devait se fier à la confession murmurée de son accompagnateur (qui promena sa bouche un peu trop près de son lobe à son goût). Naturellement, la sulfureuse rousse savait par avance qui se trouvait sur le point de pénétrer dans la salle richement décorée. Ce à quoi elle s'attendait moins, fut la déliquescence frappante de l'industriel, qui avait vieilli de plusieurs dizaines d'années en l'espace de quelques jours. L'hospitalisation consécutive à son infarctus l'avait fortement affaibli, comme si le fait d'en être revenu avait exigé un trop lourd tribut sur l'énergie vitale de l'ancien requin de la finance. Trevor se traîna laborieusement jusqu'à sa tale, sous les œillades gênés des autres convives, qui paraissaient encore craindre les mythiques coups de sang de ce reste d'être humain agités de tremblements lents. A l'issu du périple, on lui porta la nourriture prédécoupée à la bouche, afin que son seul unique effort soit de mastiquer convenablement une pièce de bœuf choisie pour la tendresse de sa viande.

* Voilà un spectacle dont je ne me lasserai pas de sitôt. Non mais regarde ce légume s'étouffer dans ses propres miasmes ! * Jubila Poison Ivy en ricanant sans fin.

L'ultime réplique de Crane refroidit légèrement Pamela, qui ne parvint pas à partager l'allégresse de son autre personnalité.


" Maintenant Pamela, approchez-vous de lui et savourez votre victoire, car ce sera le seul type de triomphe dont les criminels comme nous bénéficierons dans cette ville maudite. "

Or, idéalement, l'Empoisonneuse aurait souhaitée se sentir victorieuse parce que prêchant la bonne voie, le bon message. Mais elle ne se sentit que porteuse d'un talent rare pour briser la vie d'autres individus. Pas de reconnaissance, pas de joie simple né d'un triomphe mérité. Le seul réconfort qu'il lui était donné de goûter avait la saveur du sang, amer et écœurante. A la différence de son hôte, Ivy, elle, semblait apprécier de plus en plus le savoureux étalage de faiblesse qu'incarnait Trevor Axis, et c'est pour ne pas avoir à affronter la réalité de sa condition de bourreau que Pamela ferma les yeux, laissant son autre personnalité prendre totalement les commandes tandis qu'elle-même se ravalait au rang de simple spectatrice. Et lorsque la reine verte papillonna adorablement des paupière à l'adresse de sa première victime, celle-ci ne s'y laissa pas tromper, et se figea. Le voile laiteux qui recouvrait les prunelles de l'ex-industriel furent comme dispersées momentanément, et la lueur tremblante d'une authentique frayeur comprima ses pupilles. Provocatrice jusqu'au bout, la criminelle posa un index complice sur ses invitantes lèvres, conseillant amoureusement à sa cible de pas la dénoncer. La menace sous-jacente souleva une nouvelle quinte de toux chez le malade, ce qui provoqua une nouvelle série de rire chez la rousse déguisée en civile.

* Tu as tout compris, chéri : ne dis rien à qui que ce soit, ou de bien belles lèvres viendront achever ce que Crane a commencé... *

« Bon appétit. » Articula silencieusement la provocante beauté à l'adresse de l'âme tourmentée par la militante écologiste.

Avec un gloussement de contentement, Poison Ivy quitta la salle du Dorcia, non sans s'amuser à faire tourner les têtes dans son sillage.


* Tu es une chic fille, Pam', mais franchement... Des fois, tu es peux être si ennuyeuse ! Pour une fois que j'ai carte blanche, j'aurais tort de ne pas en profiter pleinement. * Ronronna l’envoûtante manipulatrice, qui ne faisait que refléter le besoin inconscient qu'avait Pamela Isley de se laisser aller en oubliant les conséquences. La journée promettait d'être belle !

[HJ]C'est réciproque Wink J'ai énormément apprécié ce sujet n_n [/HJ]
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